• N'étant, comme je suis, encore exercité
    Par tant et tant de maux au jeu de la fortune,
    Je suivais d'Apollon la trace non commune,
    D'une sainte fureur saintement agité.

    Ores ne sentant plus cette divinité,
    Mais piqué du souci qui fâcheux m'importune,
    Une adresse j'ai pris beaucoup plus opportune
    A qui se sent forcé de la nécessité.

    Et c'est...

  • Cependant que Magny suit son grand Avanson
    Pa,jas son Cardinal, et moy le mien encore,
    Et que l'espoir flatteur, qui nos beaux ans devore,
    Appastre nos desirs d'un friand hamesson,

    Tu courtises les Roys, et d'un plus heureux son
    Chantant l'heur de Henry, qui son siecle decore,
    Tu t'honores toymesme, et celuy qui honore
    L'honneur que tu luy fais de ta...

  • Fuyons, Dilliers, fuyons cette cruelle terre,
    Fuyons ce bord avare et ce peuple inhumain,
    Que des dieux irrités la vengeresse main
    Ne nous accable encor sous un même tonnerre.

    Mars est désenchaîné, le temple de la guerre
    Est ouvert à ce coup, le grand prêtre romain
    Veut foudroyer là-bas l'hérétique Germain
    Et l'Espagnol marran, ennemis de saint Pierre...

  • Cependant que tu dis ta Cassandre divine,
    Les louanges du roi, et l'héritier d'Hector,
    Et ce Montmorency, notre français Nestor,
    Et que de sa faveur Henri t'estime digne :

    Je me promène seul sur la rive latine,
    La France regrettant, et regrettant encor
    Mes antiques amis, mon plus riche trésor,
    Et le plaisant séjour de ma terre angevine.

    Je...

  • Malheureux l'an, le mois, le jour, l'heure et le point,
    Et malheureuse soit la flatteuse espérance,
    Quand pour venir ici j'abandonnai la France :
    La France, et mon Anjou, dont le désir me point.

    Vraiment d'un bon oiseau guidé je ne fus point,
    Et mon coeur me donnait assez signifiance
    Que le ciel était plein de mauvaise influence,
    Et que Mars était lors...

  • Marcher d'un grave pas, et d'un grave sourcil,
    Et d'un grave souris à chacun faire fête,
    Balancer tous ses mots, répondre de la tête,
    Avec un Messer non, ou bien un Messer si :

    Entremêler souvent un petit E cosi,
    Et d'un Son Servitor contrefaire l'honnête,
    Et comme si l'on eût sa part en la conquête,
    Discourir sur Florence, et sur Naples aussi :
    ...

  • Tout le parfait dont le ciel nous honore,
    Tout l'imparfait qui naît dessous les cieux,
    Tout ce qui paît nos esprits et nos yeux,
    Et tout cela qui nos plaisirs dévore :

    Tout le malheur qui notre âge dédore,
    Tout le bonheur des siècles les plus vieux,
    Rome du temps de ses premiers aïeux
    Le tenait clos, ainsi qu'une Pandore.

    Mais le destin,...

  • Je n'escris point d'amour, n'estant point amoureux,
    Je n'escris de beauté, n'ayant belle maistresse,
    Je n'escris de douceur, n'esprouvant que rudesse,
    Je n'escris de plaisir, me trouvant douloureux ;

    Je n'escris de bonheur, me trouvant malheureux,
    Je n'escrisde faveur, ne voyant ma Princesse,
    Je n'escris de trésors, n'ayant point de richesse,
    Je n...

  • C'est ores, mon Vineus, mon cher Vineus, c'est ore,
    Que de tous les chétifs le plus chétif je suis,
    Et que ce que j'étais, plus être je ne puis,
    Ayant perdu mon temps, et ma jeunesse encore.

    La pauvreté me suit, le souci me dévore,
    Tristes me sont les jours, et plus tristes les nuits.
    O que je suis comblé de regrets et d'ennuis !
    Plût à Dieu que je...

  • Tant que l'oiseau de Jupiter vola,
    Portant le feu dont le ciel nous menace,
    Le ciel n'eut peur de l'effroyable audace
    Qui des Géants le courage affola :

    Mais aussitôt que le Soleil brûla
    L'aile qui trop se fit la terre basse,
    La terre mit hors de sa lourde masse
    L'antique horreur qui le droit viola.

    Alors on vit la corneille germaine
    Se...