• Quand en songeant ma folâtre j'acolle,
    Laissant mes flancs sur les siens s'allonger,
    Et que, d'un branle habilement léger,
    En sa moitié ma moitié je recolle !

    Amour, adonc si follement m'affole,
    Qu'un tel abus je ne voudroi changer,
    Non au butin d'un rivage étranger,
    Non au sablon qui jaunoie en Pactole.

    Mon dieu, quel heur, et quel...

  • Nuit, des amours ministre et sergente fidele
    Des arrests de Venus, et des saintes lois d'elle,
    Qui secrete acompaignes
    L'impatient ami de l'heure acoutumée,
    Ô l'aimée des Dieus, mais plus encore aimée
    Des étoiles compaignes,

    Nature de tes dons adore l'excellence,
    Tu caches lés plaisirs desous muet silence
    Que l'amour jouissante
    Donne, quand...

  • J'aï pour maistresse une etrange Gorgonne,
    Qui va passant les anges en beauté,
    C'est un vray Mars en dure cruauté,
    En chasteté la fille de Latonne.

    Quand je la voy, mile fois je m'estonne
    La larme à l'oeil, ou que ma fermeté
    Ne la flechit, ou que sa dureté
    Ne me conduit d'où plus on ne retourne.

    De la nature un coeur je n'ay receu,
    ...

  • Le vintieme d'Avril couché sur l'herbelette,
    Je vy, ce me sembloit, en dormant un chevreuil,
    Qui ça, puis là, marchoit où le menoit son vueil,
    Foulant les belles fleurs de mainte gambelette.

    Une corne et une autre encore nouvellette
    Enfloit son petit front, petit, mais plein d'orgueil
    Comme un Soleil luisoit par les prets son bel oeil,
    Et...

  • Tai toi babillarde Arondelle,
    Par Dieu je plumerai ton aile
    Si je t'empongne, ou d'un couteau
    Je te couperai ta languette,
    Qui matin sans repos caquette
    Et m'estourdit tout le cerveau.

    Je te preste ma cheminée
    Pour chanter toute la journée,
    De soir, de nuit, quand tu voudras :
    Mais au matin ne me reveille,
    Et ne m'oste quand je sommeille...

  • Le printemps n'a point tant de fleurs,
    L'autonne tant de raisins meurs,
    L'esté tant de chaleurs halées,
    L'hyver tant de froides gelées,
    Ny la mer a tant de poissons,
    Ny la Beauce tant de moissons,
    Ny la Bretaigne tant d'arenes,
    Ny l'Auvergne tant de fonteines,
    Ny la nuict tant de clairs flambeaux,
    Ny les forests tant de rameaux,
    Que je porte au...

  • Mon petit Bouquet mon mignon,
    Qui m'es plus fidel' compaignon
    Qu'Oreste ne fut à Pilade,
    Tout le jour quand je suis malade
    Mes valets qui pour leur devoir
    Le soing de moy debvroient avoir,
    Vont à leur plesir par la vile,
    Et ma vieille garde inutile,
    Aptes avoir largement beu,
    Yvre, s'endort aupres du feu,
    A l'heure qu' el' me devroit dire
    ...

  • Chanson

    Douce Maîtresse, touche,
    Pour soulager mon mal,
    Ma bouche de ta bouche
    Plus rouge que coral ;
    Que mon col soit pressé
    De ton bras enlacé.

    Puis, face dessus face,
    Regarde-moi les yeux,
    Afin que ton trait passe
    En mon coeur soucieux,
    Coeur qui ne vit sinon
    D'Amour et de ton nom.

    Je l'ai vu fier et brave,...

  • Elégie

    Quiconque aura premier la main embesongnée
    A te couper, forest, d'une dure congnée,
    Qu'il puisse s'enferrer de son propre baston,
    Et sente en l'estomac la faim d'Erisichton,
    Qui coupa de Cerés le Chesne venerable
    Et qui gourmand de tout, de tout insatiable,
    Les b?ufs et les moutons de sa mère esgorgea,
    Puis pressé de la faim, soy-mesme se...

  • Ode

    Tu te moques, jeune ribaude :
    Si j'avais la tête aussi chaude
    Que tu es chaude sous ta cotte,
    Je n'aurais besoin de calotte,
    Non plus qu'à ton ventre il ne faut
    De pelisson, tant il est chaud.

    Tous les charbons ardents
    Allument là-dedans
    Le plus chaud de leur braise ;
    Un feu couvert en sort,
    Plus fumeux et plus fort
    ...