• Tantôt pour vous trouver entrant en votre salle
    J'ai vu entre plusieurs votre image et tableau
    Qui montre au naturel votre visage beau,
    Qui eût bien fait quitter au Thébain son Omphale.

    Si tôt que je l'ai vu je suis devenu pâle,
    Le corps m'a frissonné et dessous le chapeau
    Le poil me hérissait, tandis que sous ma peau
    Un petit feu partout descend...

  • Feux déliens, ainsi qu'il, vous plaira,
    Faites flamber vos lampes allumées,
    Guidez les jours et les nuits assommées
    De coi sommeil, comme il vous semblera !

    Deux feux astrés ma maîtresse Flore a,
    Par qui les nuits me sont ores semées,
    Ores les jours, planètes estimées
    Du dieu Amour, lequel me les montra.

    Quand je les vois, ma journée...

  • Comme Flore tapissoit
    Un jour Amour l'aperçoit,
    Il lui fit la connaissance,
    Ce petit nain qui m'occit,
    Puis auprès d'elle il s'assit
    Pour deviser à plaisance.

    Le dé de Flore tomba,
    Amour l'échine courba
    Pour le ramasser bien vite.
    J'étais là les regardant...
    Ma maîtresse cependant
    A le rendre ainsi l'invite :

    "...

  • Que j'aurais les esprits contents
    Si nous étions encor au temps
    Des choses métamorphosées,
    Pourvu qu'on me changeât aussi
    En un miroir bien éclairci
    Qu'engendrent les neiges glacées !

    Miroir, que je suis désireux
    D'être comme toi bienheureux :
    Cinq cent fois en une même heure
    Cette cruelle te vient voir,
    Laquelle me fait recevoir...

  • Un peu devant que l'aube amenât la journée,
    Naguère je songeais dans un lit en dormant
    Qu'un vilain me suivait, mais courant vitement
    Que j'avais devant lui bonne place gagnée.

    Ainsi courant j'avise une colombe ornée
    D'un plumage neigeux, que bien habilement
    J'empoigne de ma main, et puis soudainement
    Lors ma course et ma peur se trouve là bornée....

  • Tu disais vrai, ô divin Pythagore,
    De corps en corps les âmes vont errant,
    Quand un sommeil sille notre oeil mourant,
    Sommeil de fer yvré de mandragore.

    Dedans le corps de ma belle Pandore
    Se mit l'esprit, lequel pierre me rend,
    De la Gorgone au regard empierrant,
    Bien que son chef sans serpents se redore.

    Son seul regard m'endurcit en...

  • Le ciel est bien cruel de faire les uns naître
    Monarques souverains, princes et empereurs,
    Les autres artisans, vignerons, laboureurs,
    Et bergers qui aux champs mènent les brebis paître.

    Car il advient souvent que celui qui est maître
    Mériterait tenir le rang des serviteurs,
    Dont quelques-uns qui vont se tuant de labeurs
    Pour leur gentil esprit...

  • Voyez au vif le portrait d'un amant :
    Je pleure et ris, je loue et vitupère,
    Un même objet m'est funèbre et prospère,
    Je perds courage et je vais m'animant.

    Mon coeur, mes yeux s'en vont partout semant
    Et feux, et flots ; mon âme est le repaire
    D'espoir et peur ; jamais je ne tempère
    Mon froid, mon chaud, qui vont ensemblement.

    Je sens...

  • Un peu devant le jour quand l'Aube bigarrée
    De brun, blanc, jaune et bleu montre son front brillant,
    Éclaircissant le ciel du côté d'Orient,
    Et quand le soleil sort de la mer azurée,

    Je songeais ce matin que j'étais à l'entrée
    Du beau verger d'Amour, et qu'un désir ardent
    Me fit entrer au fond où j'allais regardant
    Cent arbres inconnus en toute...

  • En dormant cette nuit, je songeai que ma dame,
    Ainsi comme j'allais me promener aux champs,
    Était en une prée où sa voix et ses chants
    Donnaient aux champs voisins une oreille et une âme,

    Quand j'aperçus son oeil qui réchauffa ma flamme
    Et embrasa de feu mon corps et tous mes sens ;
    Soudain je la priai avec humbles accents
    D'apaiser la douleur qui...