• Au fond d'un hall sonore et radiant,
    Sous les ailes énormes
    Et les duvets des brumes uniformes,
    Parfois, le soir, on déballe les Orients.

    Les tréteaux clairs luisent comme des armes ;
    De gros soleils en strass brillent, de loin en loin ;
    Des cymbaliers hagards entrechoquent leurs poings
    Et font sonner et tonner les vacarmes.
    Le rideau s'ouvre : et...

  • Plages vides, avec toujours les mêmes flots
    Poussant les mêmes cris et les mêmes sanglots
    De l'un à l'autre bout des rivages de Flandre ;
    Dunes d'oyats aigus, monts de sable et de cendre,
    Pays hostile et dur et féroce souvent,
    Pays de lutte et de ferveur, pays de vent,
    Pays d'épreuve et d'angoisse, pays de rage,
    Quand s'acharnent sur vous les tournoyants...

  • En sa robe, couleur de feu et de poison,
    Le cadavre de ma raison
    Traîne sur la Tamise.

    Des ponts de bronze, où les wagons
    Entrechoquent d'interminables bruits de gonds
    Et des voiles de bâteaux sombres
    Laissent sur elle, choir leurs ombres.

    Sans qu'une aiguille, à son cadran, ne bouge,
    Un grand beffroi masqué de rouge,
    La regarde, comme...

  • Le plumage lustré de satins et de moires,
    Les corneilles, oiseaux placides et dolents,
    Parmi les champs d'hiver, que la neige a fait blancs,
    Apparaissent ainsi que des floraisons noires.

    L'une marque les longs rameaux d'un chêne ami ;
    Elle est penchée au bout d'une branche tordue,
    Et, fleur d'encre, prolonge une plainte entendue
    Par le tranquille...

  • Oh ! laisse frapper à la porte
    La main qui passe avec ses doigts futiles ;
    Notre heure est si unique, et le reste qu'importe ;
    Le reste avec ses doigt futiles.

    Laisse passer, par le chemin,
    La triste et fatigante joie,
    Avec ses crécelles en main.

    Laisse monter, laisse bruire
    Et s'en aller le rire ;
    Laisse passer la foule et ses...

  • Moines venus vers nous des horizons gothiques,
    Mais dont l'âme, mais dont l'esprit meurt de demain,
    Qui reléguez l'amour dans vos jardins mystiques
    Pour l'y purifier de tout orgueil humain,
    Fermes, vous avancez par les routes des hommes,
    Les yeux hallucinés par les feux de l'enfer,
    Depuis les temps lointains jusqu'au jour où nous sommes,
    Dans les âges d...

  • On eût dit qu'il sortait d'un désert de sommeil,
    Où, face à face, avec les gloires du soleil,

    Sur les pitons brûlés et les rochers austères,
    S'endorts la majesté des lions solitaires.

    Ce moine était géant, sauvage et solennel,
    Son corps semblait bâti pour un oeuvre éternel,

    Son visage, planté de poils et de cheveux,
    Dardait tout l'infini...

  • Au temps où longuement j'avais souffert,
    Où les heures m'étaient des pièges,
    Tu m'apparus l'accueillante lumière
    Qui luit aux fenêtres, l'hiver,
    Au fond des soirs, sur de la neige.

    Ta clarté d'âme hospitalière
    Frôla, sans le blesser, mon coeur,
    Comme une main de tranquille chaleur.

    Puis vint la bonne confiance,
    Et la franchise, et la...

  • Que nous sommes encor heureux et fiers de vivre
    Quand le moindre rayon entr'aperçu là-haut
    Illumine un instant les pauvres fleurs de givre
    Que le gel dur et fin grava sur nos carreaux.

    L'élan bondit en nous et l'espoir nous emporte,
    Et notre vieux jardin nous apparaît encor
    Malgré ses longs chemins jonchés de branches mortes
    Vivant et pur et clair et...

  • Ce convers recueilli sous la soutane bise
    Cachait l'amour naïf d'un saint François d'Assise.

    Tendre, dévotieux, doux, fraternel, fervent,
    II était jardinier des fleurs dans le couvent.

    Il les aimait, le simple, avec toute son âme,
    Et ses doigts se chauffaient à leurs feuilles de flamme.

    Elles lui parfumaient la vie et le sommeil,
    Et pour...