• Veuves debout au long des mers,
    Les tours de Lisweghe et de Furnes
    Pleurent, aux vents des vieux hivers
    Et des automnes taciturnes.

    Elles règnent sur le pays,
    Depuis quels jours, depuis quels âges,
    Depuis quels temps évanouis
    Avec les brumes de leurs plages ?

    Jadis, on allumait des feux
    Sur leur sommet, dans le soir sombre ;
    Et...

  • Calmes voluptueux, avec des encensoirs
    Et des rythmes lointains par le soir solitaire,
    Claire heure alanguissante et fondante des soirs,
    Le soir sur des lits d'or s'endort avec la terre,
    Sous des rideaux de pourpre, et longuement se tait !

    Calmes voluptueux, avec de grands nuages,
    Et des îles de nacre et des plages d'argent
    Et des perles et des...

  • Non plus parce qu'il vit d'angoisse et de souffrance,
    Mais parce qu'à chaque heure il crée une espérance,
    L'âpre univers est plein de foi.
    Il n'importe que sous les toits,
    Dans les demeures,
    Quand le jour naît ou qu'il décroît,
    Les prières au Christ en croix
    Se meurent.

    Efforts multipliés en tous les lieux du monde,
    C'est vous qui...

  • En un plein jour, larmé de lampes,
    Qui brûlent en l'honneur
    De tout l'inexprimé du coeur,
    Le silence, par un chemin de rampes,
    Descend vers ma rancoeur.
    Il circule très lentement
    Par ma chambre d'esseulement ;
    Je vis tranquillement en lui ;
    Il me frôle de l'ombre de sa robe ;
    Parfois, ses mains et ses doigts d'aube
    Closent les yeux de...

  • La plaine, au fond des soirs, s'est allumée,
    Et les tocsins cassent leurs bonds de sons,
    Aux quatre murs de l'horizon.

    - Une meule qui brûle ! -

    Par les sillages des chemins, la foule,
    Par les sillages des villages, la foule houle
    Et dans les cours, les chiens de garde ululent.

    - Une meule qui brûle ! -

    La flamme ronfle et...

  • Au fond du choeur monumental,
    D'où leur splendeur s'érige
    - Or, argent, diamant, cristal -
    Lourds de siècles et de prestiges,
    Pendant les vêpres, quand les soirs
    Aux longues prières invitent,
    Ils s'imposent, les ostensoirs,
    Dont les fixes joyaux méditent.

    Ils conservent, ornés de feu,
    Pour l'universelle amnistie,
    Le baiser blanc...

  • Pour vivre clair, ferme et juste,
    Avec mon coeur, j'admire tout
    Ce qui vibre, travaille et bout
    Dans la tendresse humaine et sur la terre auguste.

    L'hiver s'en va et voici mars et puis avril
    Et puis le prime été, joyeux et puéril.
    Sur la glycine en fleurs que la rosée humecte,
    Rouges, verts, bleus, jaunes, bistres, vermeils,
    Les mille...

  • Vous m'avez dit, tel soir, des paroles si belles
    Que sans doute les fleurs, qui se penchaient vers nous,
    Soudain nous ont aimés et que l'une d'entre elles,
    Pour nous toucher tous deux, tomba sur nos genoux.

    Vous me parliez des temps prochains où nos années,
    Comme des fruits trop mûrs, se laisseraient cueillir ;
    Comment éclaterait le glas des destinées,
    ...

  • Comme à d'autres, l'heure et l'humeur :
    L'heure morose ou l'humeur malévole
    Nous ont, de leurs sceaux noirs, marqué le coeur,
    Mais, néanmoins, jamais,
    Même les soirs des jours mauvais
    Nos coeurs ne se sont dit les fatales paroles.

    La sincérité claire, ardente, illuminée,
    Nous fut joie et conseil,
    Si bien que notre âme passionnée
    Toujours s'y...

  • En automne, dans la douceur des mois pâlis,
    Quand les heures d'après-midi tissent leurs mailles,
    Au vestiaire, où les moines, en blancs surplis,
    Rentrent se dévêtir pour aller aux semailles,

    Les coules restent pendre à l'abandon. Leur plis
    Solennellement droits descendent des murailles,
    Comme des tuyaux d'orgue et des faisceaux de lys,
    Et les...