• Au myosotis bleu qui mire dans les sources
    Ses constellations de fleurettes d'azur,
    Il emprunte la voix cristalline des courses
    Que font sur les cailloux les ondes au coeur pur.

    Aux pruniers il a pris leur âme japonaise,
    Aux hortensias bleus leur pâle étrangeté ;
    Aux tulipes leur pourpre, aux tournesols leur braise ;
    Aux iris leur tristesse ; aux...

  • Le plus pur des Bourbons est un orphelin blême.
    Tendre Dauphin broyé, l'Enfant Louis Dix-Sept
    Humanise en ses traits l'Enfant de Nazareth,
    Fils de dieux et de rois qu'adopte Dieu lui-même !

    Des épines, au front, lui font un diadème ;
    Le miracle embaumé de sainte Élisabeth
    En ses bras torturés a rejailli plus net ;
    Les lis de son manteau lui...

  • Sous les villosités violettes des tartres
    Les blancs Olympiens ont pris des tons caducs.
    Et, des arbres sans sève, et des plantes sans sucs
    L'automne qui descend les vêt comme de martres.

    L'ombre et la vétusté les rouillent de leurs dartres,
    Ces dieux à qui les rois voulaient des airs de ducs ;
    Et le soleil mourant qui fuse sur les stucs
    Y verse...

  • Les étoiles des lys ont éclairé la plaine...
    Les pétales de l'astre ont éclos dans la nuit ;
    De constellations de fleurs la route est pleine,
    Et de moissons de feux la voûte brille et luit.

    Les anges ont baissé leurs yeux sur les prairies,
    Les hommes ont levé leurs yeux vers les azurs ;
    Et l'échange s'est vu des blanches confréries
    De l'étoile...

  • ... Les Morts aimés sont les hôtes aux mains discrètes
    Qui demandent leur pain quotidien, sans bruit,
    Ils ne viennent jamais nous troubler dans nos fêtes,
    Mais veulent partager l'angoisse de nos nuits. [...]

  • Fantôme qui nous dois dans la tombe enfermer,
    Mort dont le nom répugne et dont l'image effraie,
    Mais qu'à force de crainte on finit par aimer,
    Puisque la vie est vaine et que toi seule es vraie ;

    Ô Mort, qui fais qu'on vit sans but et qu'on est las,
    Et qu'on rejette au loin la coupe non goûtée,
    Mort qu'on maudit d'abord et dont on ne veut pas,
    ...

  • Destins, destins, corps bruts par l'esprit achevés !
    La lune est sur les monts, les astres sont levés !
    Sur la rose assoupie un beau Zéphir nu vole ;
    Dans l'éclat velouté de cette lune molle
    Les oeufs des rossignols brillent ! Soleil pieux
    Bientôt tu mûriras ces fruits mélodieux ;
    Le chantre aux tendres yeux brisera ses demeures ;
    Il dira le secret...

  • Monseigneur le Printemps en robe épiscopale
    D'un violet vivant comme les fleurs d'iris,
    Ouvrant à deux battants les hauts portails fleuris
    Au son des clairons d'aube, entre en sa cathédrale.

    Une tulipe fait sa crosse ; en frais camail
    Monseigneur le Printemps sous le dôme bleu marche ;
    Au loin plongent les nefs, et sous leur dernière arche
    Le...

  • La terre souriait au ciel bleu. L'herbe verte
    De gouttes de rosée était encor couverte.
    Tout chantait par le monde ainsi que dans mon coeur.
    Caché dans un buisson, quelque merle moqueur
    Sifflait. Me raillait-il ? Moi, je n'y songeais guère.
    Nos parents querellaient, car ils étaient en guerre
    Du matin jusqu'au soir, je ne sais plus pourquoi.
    Elle cueillait des...

  • L'oiseleur Amour se promène
    Lorsque les coteaux sont fleuris,
    Fouillant les buissons et la plaine ;
    Et chaque soir sa cage est pleine
    Des petits oiseaux qu'il a pris.

    Aussitôt que la nuit s'efface
    Il vient, tend avec soin son fil,
    Jette la glu de place en place,
    Puis sème, pour cacher la trace,
    Quelques brins d'avoine ou de mil.

    Il...