• Dans la chambre paisible où tout bas la veilleuse
    Palpite comme une âme humble et mystérieuse,
    Le père, en étouffant ses pas, s?est approché
    Du petit lit candide où l?enfant est couché ;
    Et sur cette faiblesse et ces douceurs de neige
    Pose un regard profond qui couve et qui protège.
    Un souffle imperceptible aux lèvres l?enfant dort,
    Penchant la tête ainsi qu?...

  • Mortelle à voir, avec ses yeux diamantins,
    Aux pourpres d?un couchant cruel, sous les portiques,
    Hérodiade, au lent vertige des cantiques,
    Ondule, monotone, en roulis serpentins.

    Les colliers ruisselants bruissent, argentins.
    Dans l?air ivre, gorgé d?encens asiatiques
    Sa robe a des éclairs de gemmes frénétiques ;
    Et voici s?écarter ses voiles...

  • Conçu dans l?ombre aux flancs augustes de la Terre,
    Le Fleuve prend sa vie aux sources du mystère.
    Il est le fils des monts déserts et des glaciers ;
    Et les vieux rocs pensifs, farouches nourriciers
    Du limpide cristal distillé par la voûte,
    Dans l?ombre, de longs jours l?abreuvent goutte à goutte,
    L?écoutent gazouiller dans son lit de cailloux,
    Si faible...

  • La chimère a passé dans la ville où tout dort,
    Et l?homme en tressaillant a bondi de sa couche
    Pour suivre le beau monstre à la démarche louche
    Qui porte un ciel menteur dans ses larges yeux d?or.

    Vieille mère, enfants, femme, il marche sur leurs corps...
    Il va toujours, l?oeil fixe, insensible et farouche...
    Le soir tombe... il arrive ; et dès le seuil qu?...

  • Vastes Forêts, Forêts magnifiques et fortes,
    Quel infaillible instinct nous ramène toujours
    Vers vos vieux troncs drapés de mousses de velours
    Et vos étroits sentiers feutrés de feuilles mortes ?

    Le murmure éternel de vos larges rameaux
    Réveille encore en nous, comme une voix profonde,
    L?émoi divin de l?homme aux premiers jours du monde,
    Dans l?ivresse...

  • Cette nuit, tu prendras soin que dans chaque vase
    Frissonne, humide encore, une gerbe de fleurs.
    Nul flambeau dans la chambre - où tes chères pâleurs
    Se noieront comme un rêve en des vapeurs de gaze.

    Pour respirer tous nos bonheurs avec emphase,
    Sur le piano triste, où trembleront des pleurs,
    Tes mains feront chanter d'angéliques douleurs
    Et je t'...

  • Noire dans la nuit bleue, Agrô vogue, rapide.
    Les Chefs, au crépuscule évoquant la maison,
    Tristes se sont couché, et dorment. Seul, Jason,
    Debout, veille et poursuit son grand rêve intrépide.

    La Lyre aux clous de feu brille ; l'ombre est limpide ;
    Le silence infini vibre !... Et le fils d'Eson
    Emplit de son orgueil immense l'horizon,
    Et respire de...

  • Comme un père en ses bras tient une enfant bercée
    Et doucement la serre, et, loin des curieux,
    S?arrête au coin d?un mur pour lui baiser les yeux,
    Je te porte couvée au secret de mon âme,
    Ô toi que j?élus douce entre toutes les femmes,
    Et qui marches, suave, en tes parfums flottants.

    Les soirs fuyants et fins aux ciels inconsistants
    Où défaille et s?en...

  • Je t?aime, - loin de toi ma pensée obstinée,
    Et, par l?instinct d?amour à l?amour ramenée,
    Revient vers toi, voltige alentour de ton cou,
    De tes yeux, de tes seins, comme un papillon fou,
    Et, grise de tourner dans ton cercle de femme,
    Reste des jours entiers sans rentrer dans mon âme...

    Je t?aime, et, malgré moi, je m?en vais par les rues
    Où flotte un...

  • La petite ville sans bruit
    Dort profondément dans la nuit.

    Aux vieux réverbères à branches
    Agonise un gaz indigent ;
    Mais soudain la lune émergeant
    Fait tout au long des maisons blanches
    Resplendir des vitres d?argent.

    La nuit tiède s?évente au long des marronniers...
    La nuit tardive, où flotte encor de la lumière.
    Tout est noir et...