• Vous voyez, la Lune chevauche
    Les nuages noirs à tous crins,
    Cependant que le vent embouche
    Ses trente-six mille buccins !

    Adieu, petits coeurs benjamins
    Choyés comme Jésus en crèche,
    Qui vous vantiez d'être orphelins
    Pour avoir toute la brioche !

    Partez dans le vent qui se fâche,
    Sous la Lune sans lendemains,
    Cherchez la pâtée et...

  • Nous nous aimions comme deux fous ;
    On s'est quittés sans en parler.
    (Un spleen me tenait exilé
    Et ce spleen me venait de tout.)

    Que ferons-nous, moi, de mon âme,
    Elle de sa tendre jeunesse !
    Ô vieillissante pécheresse,
    Oh ! que tu vas me rendre infâme !

    Des ans vont passer là-dessus ;
    On durcira chacun pour soi ;
    Et plus d'une...

  • Je fume, étalé face au ciel,
    Sur l'impériale de la diligence,
    Ma carcasse est cahotée, mon âme danse
    Comme un Ariel ;
    Sans miel, sans fiel, ma belle âme danse,
    Ô routes, coteaux, ô fumées, ô vallons,
    Ma belle âme, ah ! récapitulons.

    Nous nous aimions comme deux fous,
    On s'est quitté sans en parler,
    Un spleen me tenait exilé,
    Et ce spleen...

  • Je te vas dire : moi, quand j'aime,
    C'est d'un coeur, au fond sans apprêts,
    Mais dignement élaboré
    Dans nos plus singuliers problèmes.

    Ainsi, pour mes moeurs et mon art,
    C'est la période védique
    Qui seule à bon droit revendique
    Ce que j'en " attelle à ton char ".

    C'est comme notre Bible hindoue
    Qui, tiens, m'amène à caresser,...

  • C'est le trottoir avec ses arbres rabougris.
    Des mâles égrillards, des femelles enceintes,
    Un orgue inconsolable ululant ses complaintes,
    Les fiacres, les journaux, la réclame et les cris.

    Et devant les cafés où des hommes flétris
    D'un oeil vide et muet contemplaient leurs absinthes
    Le troupeau des catins défile lèvres peintes
    Tarifant leurs appas...

  • Et je me console avec la
    Bonne fortune
    De l'alme Lune.
    Ô Lune, Ave Paris stella !

    Tu sais si la femme est cramponne ;
    Eh bien, déteins,
    Glace sans tain,
    Sur mon ?il ! qu'il soit tout atone,

    Qu'il déclare : ô folles d'essais,
    Je vous invite
    A prendre vite,
    Car c'est à prendre et à laisser.

  • Si mon Air vous dit quelque chose,
    Vous auriez tort de vous gêner ;
    Je ne la fais pas à la pose ;
    Je suis La Femme, on me connaît.

    Bandeaux plats ou crinière folle,
    Dites ? quel Front vous rendrait fou ?
    J'ai l'art de toutes les écoles,
    J'ai des âmes pour tous les goûts.

    Cueillez la fleur de mes visages,
    Buvez ma bouche et non ma voix,...

  • C'est l'existence des passants...
    Oh ! tant d'histoires personnelles !...
    Qu'amèrement intéressant
    De se navrer de leur kyrielle !

    Ils s'en vont flairés d'obscurs chiens,
    Ou portent des paquets, ou flânent...
    Ah ! sont-ils assez quotidiens,
    Tueurs de temps et monomanes,

    Et lorgneurs d'or comme de strass
    Aux quotidiennes devantures ! ......

  • Octobre m'a toujours fiché dans la détresse ;
    Les Usines, cent goulots fumant vers les ciels....
    Les poulardes s'engraissent
    Pour Noël.

    Oh ! qu'alors, tout bramant vers d'albes atavismes,
    Je fonds mille Icebergs vers les septentrions
    D'effarants mysticismes
    Des Sions !....

    Car les seins distingués se font toujours plus rares ;
    Le...

  • Passants, m'induisez point en beautés d'aventure,
    Mon Destin n'en saurait avoir cure ;
    Je ne peux plus m'occuper que des Jeunes Filles,
    Avec ou sans parfum de famille.

    Pas non plus mon chez moi, ces précaires liaisons,
    Où l'on s'aime en comptant par saisons ;
    L'Amour dit légitime est seul solvable ! car
    Il est sûr de demain, dans son art.

    ...