• Parfums, couleurs, systèmes, lois !
    Les mots ont peur comme des poules.
    La chair sanglote sur la croix.

    Pied, c'est du rêve que tu foules,
    Et partout ricane la voix,
    La voix tentatrice des foules.

    Cieux bruns où nagent nos desseins,
    Fleurs qui n'êtes pas le calice,
    Vin et ton geste qui se glisse,
    Femme et l'oeillade de tes seins,
    ...

  • Dans le vieux parc solitaire et glacé
    Deux formes ont tout à l'heure passé.

    Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
    Et l'on entend à peine leurs paroles.

    Dans le vieux parc solitaire et glacé
    Deux spectres ont évoqué le passé.

    - Te souvient-il de notre extase ancienne?
    - Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne?
    ...

  • 1

    La fuite est verdâtre et rose
    Des collines et des rampes
    Dans un demi-jour de lampes
    Que vient brouiller toute chose.

    L'or sur les humbles abîmes,
    Tout doucement s'ensanglante.
    Des petits arbres sans cimes
    Où quelque oiseau faible chante

    Triste à peine tant s'effacent
    Ces apparences d'automne,
    Toutes mes langueurs...

  • L'échelonnement des haies
    Moutonne à l'infini, mer
    Claire dans le brouillard clair
    Qui sent bon les jeunes baies.

    Des arbres et des moulins
    Sont légers sur le vert tendre
    Où vient s'ébattre et s'étendre
    L'agilité des poulains.

    Dans ce vague d'un Dimanche
    Voici se jouer aussi
    De grandes brebis aussi
    Douces que leur laine blanche...

  • Sa tête fine dans sa main toute petite,
    Elle écoute le chant des cascades lointaines,
    Et, dans la plainte langoureuse des fontaines,
    Perçoit comme un écho béni du nom de Tite.

    Elle a fermé ses yeux divins de clématite
    Pour bien leur peindre, au coeur des batailles hautaines
    Son doux héros, le mieux aimant des capitaines,
    Et, Juive, elle se sent au...

  • Ami, le temps n'est plus des guitares, des plumes,
    Des créanciers, des duels hilares à propos
    De rien, des cabarets, des pipes aux chapeaux
    Et de cette gaîté banale où nous nous plûmes.

    Voici venir, ami très tendre qui t'allumes
    Au moindre dé pipé, mon doux briseur de pots,
    Horatio, terreur et gloire des tripots,
    Cher diseur de jurons à remplir cent...

  • À Louis-Xavier de Ricard.

    I

    La Vie est triomphante et l'Idéal est mort,
    Et voilà que, criant sa joie au vent qui passe,
    Le cheval enivré du vainqueur broie et mord
    Nos frères, qui du moins tombèrent avec grâce.

    Et nous que la déroute a fait survivre, hélas !
    Les pieds meurtris, les yeux troubles, la tête lourde,
    Saignants, veules,...

  • Deux reîtres saouls, courant les champs, virent parmi
    La fange d'un fossé profond, une carcasse
    Humaine dont la faim torve d'un loup fugace
    Venait de disloquer l'ossature à demi.

    La tète, intacte, avait un rictus ennemi
    Qui nous attriste, nous énerve et nous agace.
    Or, peu mystiques, nos capitaines Fracasse
    Songèrent (John Falstaff lui-même en eût frémi...

  • C'est une laide de Boucher
    Sans poudre dans sa chevelure
    Follement blonde et d'une allure
    Vénuste à tous nous débaucher.

    Mais je la crois mienne entre tous,
    Cette crinière tant baisée,
    Cette cascatelle embrasée
    Qui m'allume par tous les bouts.

    Elle est à moi bien plus encor
    Comme une flamboyante enceinte
    Aux entours de la...

  • Ah ! les oaristys ! les premières maîtresses !
    L'or des cheveux, l'azur des yeux, la fleur des chairs,
    Et puis, parmi l'odeur des corps jeunes et chers,
    La spontanéité craintive des caresses !

    Sont-elles assez loin toutes ces allégresses
    Et toutes ces candeurs ! Hélas ! toutes devers
    Le printemps des regrets ont fui les noirs hivers
    De mes ennuis, de...