• Me voici devant Vous, contrit comme il le faut.
    Je sais tout le malheur d'avoir perdu la voie
    Et je n'ai plus d'espoir, et je n'ai plus de joie
    Qu'en une en qui je crois chastement, et qui vaut
    A mes yeux mieux que tout, et l'espoir et la joie.

    Elle est bonne, elle me connaît depuis des ans.
    Nous eûmes des jours noirs, amers, jaloux, coupables,
    Mais...

  • Ce ne sont pas des mains d'altesse,
    De beau prélat quelque peu saint,
    Pourtant une délicatesse
    Y laisse son galbe succinct.

    Ce ne sont pas des mains d'artiste,
    De poète proprement dit,
    Mais quelque chose comme triste
    En fait comme un groupe en petit ;

    Car les mains ont leur caractère,
    C'est tout un monde en mouvement
    Où le...

  • Une aube affaiblie
    Verse par les champs
    La mélancolie
    Des soleils couchants.

    La mélancolie
    Berce de doux chants
    Mon coeur qui s'oublie
    Aux soleils couchants.

    Et d'étranges rêves,
    Comme des soleils
    Couchants, sur les grèves,
    Fantômes vermeils,

    Défilent sans trêves,
    Défilent, pareils
    A de grands soleils
    ...

  • La bise se rue à travers
    Les buissons tout noirs et tout verts,
    Glaçant la neige éparpillée
    Dans la campagne ensoleillée.
    L'odeur est aigre près des bois,
    L'horizon chante avec des voix,
    Les coqs des clochers des villages
    Luisent crûment sur les nuages.
    C'est délicieux de marcher
    A travers ce brouillard léger
    Qu'un vent taquin parfois retrousse...

  • Ces passions qu'eux seuls nomment encore amours
    Sont des amours aussi, tendres et furieuses,
    Avec des particularités curieuses
    Que n'ont pas les amours certes de tous les jours.

    Même plus qu'elles et mieux qu'elles héroïques,
    Elles se parent de splendeurs d'âme et de sang
    Telles qu'au prix d'elles les amours dans le rang
    Ne sont que Ris et Jeux ou...

  • Ce soir je m'étais penché sur ton sommeil.
    Tout ton corps dormait chaste sur l'humble lit,
    Et j'ai vu, comme un qui s'applique et qui lit,
    Ah ! j'ai vu que tout est vain sous le soleil !

    Qu'on vive, ô quelle délicate merveille,
    Tant notre appareil est une fleur qui plie !
    O pensée aboutissant à la folie !
    Va, pauvre, dors ! moi, l'effroi pour toi m'...

  • Hélas ! je n'étais pas fait pour cette haine
    Et pour ce mépris plus forts que moi que j'ai.
    Mais pourquoi m'avoir fait cet agneau sans laine
    Et pourquoi m'avoir fait ce coeur outragé ?

    J'étais né pour plaire à toute âme un peu fière,
    Sorte d'homme en rêve et capable du mieux,
    Parfois tout sourire et parfois tout prière,
    Et toujours des cieux...

  • Le bruit des cabarets, la fange du trottoir,
    Les platanes déchus s'effeuillant dans l'air noir,
    L'omnibus, ouragan de ferraille et de boues,
    Qui grince, mal assis entre ses quatre roues,
    Et roule ses yeux verts et rouges lentement,
    Les ouvriers allant au club, tout en fumant
    Leur brûle-gueule au nez des agents de police,
    Toits qui dégouttent, murs suintants,...

  • Ce livre ira vers toi comme celui d'Ovide
    S'en alla vers la Ville.
    Il fut chassé de Rome ; un coup bien plus perfide
    Loin de mon fils m'exile.

    Te reverrai-je ? Et quel ? Mais quoi ! moi mort ou non,
    Voici mon testament :
    Crains Dieu, ne hais personne, et porte bien ton nom
    Qui fut porté dûment.

  • Vous êtes calme, vous voulez un voeu discret,
    Des secrets à mi-voix dans l'ombre et le silence,
    Le coeur qui se répand plutôt qu'il ne s'élance,
    Et ces timides, moins transis qu'il ne paraît.

    Vous accueillez d'un geste exquis telles pensées
    Qui ne marchent qu'en ordre et font le moins de bruit.
    Votre main, toujours prête à la chute du fruit,
    ...