• Carite pour jamais a quitté ces fontaines,
    Où ses yeux faisaient voir deux soleils dans les eaux.
    Voilà bien le rivage, où parmi les roseaux,
    Les zéphirs, pour l'ouïr, retenaient leurs haleines.

    Voilà bien les forêts, dont les cimes hautaines
    Semblaient porter sa gloire aux célestes flambeaux.
    Mais ces lieux autrefois si plaisants et si beaux
    N'...

  • Carite l'autre jour si pompeuse et si belle,
    De la terre, et du Ciel montroit tous les tresors ;
    Quand je me laissay vaincre aux amoureux transports,
    Qui m'en firent pretendre une faveur nouvelle.

    Mais j'en fus repoussé d'une main si cruelle,
    Et d'un si rude coup je sentis les efforts,
    Que mon ombre craintive erra parmy les morts,
    Preste à passer...

  • Messagers du sommeil, allez à la mal'heure,
    Annoncez le desastre aux coupables humains,
    Et sans nous estonner de vos fantosmes vains,
    Rendez nostre aventure ou douteuse, ou meilleure.

    Apollon ne void point vostre sombre demeure,
    Pour vous communiquer ses Oracles certains.
    Quelle part avons nous à vos antres lointains ?
    Affligez vous Iris, afin qu'...

  • Une fleur passagère, une vaine peinture,
    Faisaient de mes beaux jours les plus douces clartés,
    Et dans un labyrinthe, errant de tous côtés,
    Je faisais de mon sort la douteuse aventure.

    Sans aucun soin du temps, ni de la sépulture,
    La fureur m'emportait parmi les vanités,
    Et toujours soupirant après mille beautés,
    J'écoutais de l'Amour l'agréable...

  • Quand je la vois briller sous un voile funeste,
    Comme une autre Diane, au milieu de la nuit,
    Quelle est mon aventure ? à quoi suis-je réduit ?
    Je demeure confus, sans parole, et sans geste.

    Vous à qui sa rigueur jamais rien ne conteste,
    Vous en qui ma pensée et ma flamme reluit,
    Allez, regards, soupirs, où l'Amour vous conduit :
    Votre douce...

  • La voix qui retentit de l'un à l'autre Pole,
    La terreur et l'espoir des vivans et des morts,
    Qui du rien sçait tirer les esprits et les corps,
    Et qui fit l'Univers, d'une seule parole.

    La voix du Souverain, qui les cedres desole,
    Cependant que l'espine estale ses tresors ;
    Qui contre la cabane espargne ses efforts,
    Et reduit à neant l'orgueil du...

  • Quand vous verrez un homme avecque gravité
    En chapeau de clabaud promener sa savate
    Et le col étranglé d'une sale cravate,
    Marcher arrogamment dessus la chrétienté,

    Barbu comme un sauvage et jusqu'aux reins crotté,
    D'un haut de chausse noir sans ceinture et sans patte,
    Et de quelques lambeaux d'une vieille buratte
    En tous temps constamment couvrir...

  • La beauté que je sers, et qui m'est si cruelle,
    Se peut bien appeler un miracle des cieux,
    C'est la peine du coeur, c'est le plaisir des yeux,
    Et le divin objet d'une flamme immortelle.

    La mère des amours ne fut jamais si belle,
    Ses regards sont partout des vainqueurs glorieux ;
    Et sa bouche qui forme un parler gracieux,
    A l'éclat et l'odeur d'une rose...

  • Frères, de qui toujours la parfaite harmonie
    Règne, sans s'altérer, dans vos vieux différends ;
    Grands corps, de siècle en siècle, affermis en vos rangs,
    Dont tous les autres corps sentent la tyrannie ;

    Éléments séparés, dont la force est unie,
    Fixes, mouvants, légers, pesants, actifs, souffrants,
    Chauds, froids, humides, secs, obscurs et transparents...

  • Riches voûtes d'azur, flambeaux du firmament,
    Couronnes, dignités, grandeurs, pompe royale,
    Festins, concerts, parfums que l'Arabie exhale,
    Jardins, fleuves, palais bâtis superbement ;

    Soleil, du haut lambris le plus noble ornement,
    Perles, rubis, joyaux de l'Inde orientale,
    Trésors que l'Occident aujourd'hui nous étale,
    Éclatantes beautés de ce...