• Depuis le siècle de Pépin
    Jusques à celui de la Fronde
    On n'a rien vu de si poupin
    Que cette belle vagabonde

    Elle est aussi droite qu'un pieu
    Plus pénétrante qu'une sonde
    Plus savante qu'un Calepin
    Et va la nuit comme une ronde.

    Elle est douce comme un mouton
    Dort l'hiver en drap de coton
    Fixe au Marais son habitacle
    ...

  • Olympe leves toy, desja l'aube est levée,
    Voy comme dans les airs elle seme le jour,
    Desja dans le ruisseau Diane s'est lavée,
    Et desja le Soleil a commencé son tour.

    Tout nostre bois souspire apres ton arrivée,
    Ses oyseaux comme moy racontent leur amour,
    Quelle estréme rigueur tient ton ame privée
    Des plaisirs que le Ciel espand en ce sejour ?...

  • Effroyables deserts, pleins d'ombre, et de silence,
    Où la peur, et l'hyver, sont éternellement ;
    Rochers affreux, et nus, où l'on voit seulement
    Le tonnerre, et les vents montrer leur insolence.

    En quelque part des Cieux que le Soleil s'élance,
    Vous estes tousjours pleins d'un froid aveuglement,
    Et vos petits ruisseaux malgré leur element
    Font...

  • Cette source de mort, cette homicide peste,
    Ce péché, dont l'enfer a le monde infecté,
    M'a laissé, pour tout être, un bruit d'avoir été,
    Et je suis de moi-même une image funeste.

    L'auteur de l'univers, le monarque céleste,
    S'était rendu visible en ma seule beauté
    Ce vieux titre d'honneur qu'autrefois j'ai porté,
    Et que je porte encore, est tout ce...

  • Vous implorez en vain, pauvre troupe insensée,
    Un injuste secours, par un injuste effort
    La pitié qui previent le moment de la mort,
    Quant c'est pour un amant, elle est trop avancée.

    Vous m'appellez cruelle, et vostre ame offencée
    Accuse mes rigueurs de son funeste sort.
    Le Ciel en soit l'arbitre, et qu'il juge du tort,
    S'il vient de mes effects,...

  • Allons parmy les fleurs cueillir une guirlande,
    Afin d'en couronner la Reine des Beautez ;
    Sois Venus, soit Phillis, à qui les Royautez
    Vont indifferemment presenter leur offrande.

    Les Graces, et l'Amour, seront de nostre bande ;
    Les jeux, et les plaisirs suivront de tous costez :
    La saison nous appelle à mille nouveautez ;
    Et la rosée est cheute,...

  • Je vogue sur la mer, où mon âme craintive,
    Aux jours les plus sereins, voit les vents se lever.
    Pour vaincre leurs efforts, j'ai beau les observer,
    Ma force, ou ma prudence, est ou faible, ou tardive.

    Je me laisse emporter à l'onde fugitive,
    Parmi tous les dangers qui peuvent arriver,
    Où tant d'hommes divers se vont perdre, ou sauver,
    Et dont la...

  • Une effroyable horreur couvrait la terre et l'onde
    Et déjà les démons menaient par l'univers
    Les funestes oiseaux, les fantômes divers,
    Et des songes légers la troupe vagabonde,

    Quand Morphée emprunta la chevelure blonde,
    Les roses et les lys qui n'ont jamais d'hiver,
    Et mille autres appas d'un long crêpe couverts,
    Dont aujourd'hui Phillis étonne...

  • Ce qui doit m'étonner excite mon courage,
    Et ma témérité me conduit au cercueil ;
    Je sers une beauté plus dure qu'un écueil,
    Et l'amour se conserve où l'espoir fait naufrage.

    Aveugle passion, fureur, manie et rage,
    Vous faites que j'adore un insensible orgueil.
    Le plus cruel abord est comme un doux accueil,
    Et j'appelle un mépris un agréable...

  • Durant la belle nuit, dont mon ame ravie
    Preferoit les clartez à celles d'un beau jour,
    J'escoutois murmurer, au milieu de la Cour,
    Mille voix de loüange, et mille autres d'envie.

    Je ne sçay quelles morts plus douces que la vie,
    Faisoient sentir aux coeurs les charmes de l'Amour ;
    Et de mille beautez qui brilloient à l'entour,
    L'un tenoit pour...