• Je me ris des honneurs que tout le monde envie,
    Je méprise des grands le plus charmant accueil,
    J'évite les palais comme on fait un écueil
    Où pour peu de sauvés mille ont perdu la vie.

    Je fuis la cour des rois autant qu'elle est suivie,
    Le Louvre me paraît un funeste cercueil,
    La pompe qui le suit, une pompe de deuil
    Où chacun va pleurant sa...

  • À Monsieur de Termes

    Ode

    Enfin, Termes, les ombrages
    Reverdissent dans les bois,
    L'hiver et tous ses orages
    Sont en prison pour neuf mois ;
    Enfin la neige et la glace
    Font à la verdure place,
    Enfin le beau temps reluit,
    Et Philomèle, assurée
    De la fureur de Térée,
    Chante aux forêts jour et nuit.

    Déjà les...

  • Ode

    Vous qui riez de mes douleurs,
    Beaux yeux qui voulez que mes pleurs
    Ne finissent qu'avec ma vie,
    Voyez l'excez de mon tourment
    Depuis que cet esloignement
    M'a vostre presence ravie.

    Pour combler mon adversité
    De tout ce que la pauvreté
    A de rude, et d'insupportable,
    Je suis dans un logis desert,
    OÙ par tout le...

  • Sus, Bergers, qu'on se réjouisse,
    Et que chacun de nous jouisse
    Des faveurs qu'Amour lui départ :
    Ce bel âge nous y convie,
    On ne peut trop tôt ni trop tard
    Goûter les plaisirs de la vie.

    Suivons ce petit Roi des âmes,
    De qui les immortelles flammes
    Gardent Nature de périr :
    Choisissons-le pour notre maître,
    Et ne craignons point...

  • Maintenant que du Capricorne
    Le temps mélancolique et morne
    Tient au feu le monde assiégé,
    Noyons notre ennui dans le verre,
    Sans nous tourmenter de la guerre
    Du tiers état et du clergé.

    Je sais, Ménard, que les merveilles
    Qui naissent de tes longues veilles
    Vivront autant que l'univers ;
    Mais que te sert-il que ta gloire
    Se lise...

  • Que cette nuit est longue et fâcheuse à passer !
    Que de sortes d'ennuis me viennent traverser !
    Depuis qu'un bel objet a ma raison blessée,
    Incessamment je vois des yeux de ma pensée
    Cet aimable soleil auteur de mon amour,
    Qui fait qu'incessamment je pense qu'il soit jour,
    Je saute à bas du lit, je cours à la fenêtre,
    J'ouvre et hausse la vue, et ne...

  • Et moi seul resterai-je en proie à la tristesse ?
    Passerai-je sans fruit la fleur de ma jeunesse ?
    Que me servent ces biens dont en toute saison
    Le voisin envieux voit combler ma maison ?
    Que me sert que mes blés soient l'honneur des campagnes ?
    Que les vins à ruisseaux me coulent des montagnes ?
    Ni que me sert de voir les meilleurs ménagers
    Admirer mes...

  • Dessus la mer de Cypre où souvent il arrive
    Que les meilleurs nochers se perdent dès la rive,
    J'ai navigué la nuit plus de fois que le jour.
    La beauté d'Uranie est mon pôle et mon phare,
    Et, dans quelque tourmente où ma barque s'égare,
    Je n'invoque jamais d'autre dieu que l'Amour.

    Souvent à la merci des funestes Pléiades
    Ce pilote sans peur m'a...

  • Thirsis, il faut penser à faire la retraite :
    La course de nos jours est plus qu'à demi faite.
    L'âge insensiblement nous conduit à la mort.
    Nous avons assez vu sur la mer de ce monde
    Errer au gré des flots notre nef vagabonde ;
    Il est temps de jouir des délices du port.

    Le bien de la fortune est un bien périssable;
    Quand on bâtit sur elle on bâtit...

  • Ode

    Bussy, nostre Printemps s'en va presque expiré,
    Il est temps de joüyr du repos asseuré,
    Où l'âge nous convie.
    Fuyons donc ces grandeurs qu'incensez nous suivons
    Et sans penser plus loin joüissons de la vie
    Tandis que nous l'avons.

    Donnons quelque relasche à nos travaux passez,
    Ta valeur et mes vers ont eu du nom assez
    Dans le...