• Roulez dans vos sentiers de flamme,
    Astres, rois de l'1immensité!
    Insultez, écrasez mon âme
    Par votre presque éternité!
    Et vous, comètes vagabondes,
    Du divin océan des mondes
    Débordement prodigieux,
    Sortez des limites tracées,
    Et révélez d'autres pensées
    De celui qui pensa les cieux!

    Triomphe, immortelle nature!
    A qui la main pleine...

  • (À Lord Byron)
    Toi, dont le monde encore ignore le vrai nom,
    Esprit mystérieux, mortel, ange, ou démon,
    Qui que tu sois, Byron, bon ou fatal génie,
    J'aime de tes concerts la sauvage harmonie,
    Comme j'aime le bruit de la foudre et des vents
    Se mêlant dans l'orage à la voix des torrents !
    La nuit est ton séjour, l'horreur est ton domaine :
    L'aigle, roi des...

  • Viens, cherchons cette ombre propice
    Jusqu'à l'heure où de ce séjour
    Les fleurs fermeront leur calice
    Aux regards languissants du jour.
    Voilà ton ciel, ô mon étoile !
    Soulève, oh ! soulève ce voile,
    Éclaire la nuit de ces lieux ;
    Parle, chante, rêve, soupire,
    Pourvu que mon regard attire
    Un regard errant de tes yeux.

    Laisse-moi...

  • Ô vous, qui passez comme l'ombre
    Par ce triste vallon des pleurs,
    Passagers sur ce globe sombre,
    Hommes! mes frères en douleurs,
    Ecoutez : voici vers Solime
    Un son de la harpe sublime
    Qui charmait l'écho du Thabor :
    Sion en frémit sous sa cendre,
    Et le vieux palmier croit entendre
    La voix du vieillard de Ségor!

    Insensé le mortel qui pense...

  • Quand le souffle divin qui flotte sur le monde
    S'arrête sur mon âme ouverte au moindre vent,
    Et la fait tout à coup frissonner comme une onde
    Où le cygne s'abat dans un cercle mouvant !

    Quand mon regard se plonge au rayonnant abîme,
    Où luisent ces trésors du riche firmament,
    Ces perles de la nuit que son souffle ranime,
    Des sentiers du Seigneur...

  • près de Naples

    Vois-tu comme le flot paisible
    Sur le rivage vient mourir !
    Vois-tu le volage zéphyr
    Rider, d'une haleine insensible,
    L'onde qu'il aime à parcourir !
    Montons sur la barque légère
    Que ma main guide sans efforts,
    Et de ce golfe solitaire
    Rasons timidement les bords.

    Loin de nous déjà fuit la rive.
    Tandis que d'une...

  • Vous avez pris pitié de sa longue douleur !
    Vous me rendez le jour, Dieu que l'amour implore !
    Déjà mon front couvert d'une molle pâleur,
    Des teintes de la vie à ses yeux se colore ;
    Déjà dans tout mon être une douce chaleur
    Circule avec mon sang, remonte dans mon coeur
    Je renais pour aimer encore !

    Mais la nature aussi se réveille en ce jour !
    Au...

  • Sur la plage sonore où la mer de Sorrente
    Déroule ses flots bleus aux pieds de l'oranger
    Il est, près du sentier, sous la haie odorante,
    Une pierre petite, étroite, indifférente
    Aux pas distraits de l'étranger !

    La giroflée y cache un seul nom sous ses gerbes.
    Un nom que nul écho n'a jamais répété !
    Quelquefois seulement le passant arrêté,
    Lisant l...

  • Quoi ! le fils du néant a maudit l'existence !
    Quoi ! tu peux m'accuser de mes propres bienfaits !
    Tu peux fermer tes yeux à la magnificence
    Des dons que je t'ai faits !

    Tu n'étais pas encor, créature insensée,
    Déjà de ton bonheur j'enfantais le dessein ;
    Déjà, comme son fruit, l'éternelle pensée
    Te portait dans son sein.

    Oui, ton être futur...

  • (extraits, 9ème époque)

    ... Déjà, tout près de moi, j'entendais par moments
    Monter des pas, des voix et des mugissements :
    C'était le paysan de la haute chaumine
    Qui venait labourer son morceau de colline,
    Avec son soc plaintif traîné par ses boeufs blancs,
    Et son mulet portant sa femme et ses enfants. ...

    Laissant souffler ses boeufs, le jeune...