Quand j’étais tout enfant, ma bouche
Ignorait un langage appris :
Du fond de mon étroite couche
J’appelais les soins par des cris ;
Ma peine était la peur cruelle
De perdre un jouet dans mes draps,
Et ma convoitise était...
Quand j’étais tout enfant, ma bouche
Ignorait un langage appris :
Du fond de mon étroite couche
J’appelais les soins par des cris ;
Ma peine était la peur cruelle
De perdre un jouet dans mes draps,
Et ma convoitise était...
Ici-bas tous les lilas meurent,
Tous les chants des oiseaux sont courts ;
Je rêve aux étés qui demeurent
Toujours…
Ici-bas les lèvres effleurent
Sans rien laisser de leur velours ;
Je rêve aux baisers qui demeurent...
Deux voix s’élèvent tour à tour
Des profondeurs troubles de l’âme :
La raison blasphème, et l’amour
Rêve un dieu juste et le proclame.
Panthéiste, athée ou chrétien,
Tu connais leurs luttes obscures ;
C’est mon martyre, et c’...
Le soleil fut avant les yeux,
La terre fut avant les roses,
Le chaos avant toutes choses.
Ah ! que les éléments sont vieux
Sous leurs jeunes métamorphoses !
Toute jeunesse vient des morts :
C’est dans une funèbre pâte
...
C’était au milieu de la nuit,
Une longue nuit de décembre ;
Le feu, qui s’éteignait sans bruit,
Rougissait par moments la chambre.
On distinguait des rideaux blancs,
Mais on n’entendait pas d’haleine ;
La veilleuse aux rayons...
Ô Mémoire, qui joins à l’heure
La chaîne des temps révolus,
Je t’admire, étrange demeure
Des formes qui n’existent plus !
En vain tombèrent les grands hommes
Aux fronts pensifs ou belliqueux :
Ils se lèvent quand tu les nommes,
Et nous conversons avec eux ;
...
Quand j’entends disputer les hommes
Sur Dieu qu’ils ne pénètrent point,
Je me demande où nous en sommes :
Hélas ! toujours au même point.
Oui, j’entends d’admirables phrases,
Des sons par la bouche ennoblis ;
Mais les mots...
Le vase où meurt cette verveine
D’un coup d’éventail fut fêlé ;
Le coup dut effleurer à peine :
Aucun bruit ne l’a révélé.
Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D’une marche invisible et sûre
En a fait...
J’ai voulu tout aimer, et je suis malheureux,
Car j’ai de mes tourments multiplié les causes ;
D’innombrables liens frêles et douloureux
Dans l’univers entier vont de mon âme aux choses.
Tout m’attire à la fois et d’un attrait pareil :...
Newton, voyant tomber la pomme,
Conçut la matière et ses lois :
Oh ! surgira-t-il une fois
Un Newton pour l’âme de l’homme ?
Comme il est dans l’infini bleu
Un centre où les poids se suspendent,
Ainsi toutes les âmes tendent...