• Ce monde-ci n’est qu’une œuvre comique
    Où chacun fait ses rôles différents.
    Là, sur la scène, en habit dramatique,
    Brillent prélats, ministres, conquérants.
    Pour nous, vil peuple, assis aux derniers rangs,
    Troupe futile et des grands rebutée,
    Par nous d’en bas la pièce est écoutée,
    Mais nous payons, utiles spectateurs ;
    Et, quand la farce est...

  • Quand j’aperçois sous ce portique
    Ce moine au regard fanatique,
    Lisant ses vers audacieux,
    Faits pour les habitants des cieux,
    Ouvrir une bouche effroyable,
    S’agiter, se tordre les mains,
    II me semble en lui voir le diable
    Que Dieu force à louer les saints.

  • Quand sur Bayard, par bois ou sur montagne,
    À giboyer vous prenez vos ébats,
    Dieux des forêts d’abord sont en campagne,
    Et vont en troupe admirer vos appas.
    Amis Sylvains, ne vous y fiez pas ;
    Car ses regards font souvent pires niches
    Que feu ni fer ; et cœurs, en tel pourchas,
    Risquent du moins autant que cerfs et biches.

  • Vil imposteur, je vois ce qui te flatte :
    Tu crois peut-être aigrir mon Apollon
    Par tes discours ; et, nouvel Érostrate,
    À prix d’honneur, tu veux te faire un nom ?
    Dans ce dessein tu sèmes, ce dit-on,
    D’un faux récit la maligne imposture.
    Mais dans mes vers, malgré ta conjecture,
    Jamais ton nom ne sera proféré ;
    Et j’aime mieux endurer une...

  • Par passe-temps un cardinal oyait
    Lire les vers de Psyché, comédie ;
    Et les oyant, pleurait et larmoyait,
    Tant qu’eussiez dit que c’était maladie.
    Quoi ! monseigneur, à cette rapsodie,
    Lui dit quelqu’un, tant nous semblez touché ;
    Et l’autre jour, au martyre prêché
    De saint Laurent, parûtes si paisible !
    Ho! ho ! dit-il ; tudieu ! cette Psyché...

  • Venez, Pradon et Bonnecorse,
    Grands écrivains de même force,
    De vos vers recevoir le prix ;
    Venez prendre dans mes écrits
    La place que vos noms demandent.
    Linière et Perrin vous attendent.

  • Oui, vous pouvez chasser l'humeur apoplectique,
    Rendre le mouvement au corps paralytique,
    Et guérir tous les maux les plus invétérés :
    Mais quand je lis ces vers par votre onde inspirés,
        Il me parait, admirable fontaine,
    Que vous n'eûtes jamais la vertu d'Hippocrène.

  • Certain curé, grand enterreur de morts,
    Au chœur assis récitait le service.
    Certain frater, grand disséqueur de corps,
    Tout vis-à-vis chantait aussi l’office.
    Pour un procès tous deux étant émus,
    De maudissons lardaient leurs oremus.
    Hom ! disait l’un, jamais n’entonnerai-je
    Un requiem sur cet opérateur ?
    Dieu paternel ! dit l’...

  • Paul ce grand médecin, l’effroi de son quartier,
    Qui causa plus de maux que la peste et la guerre,
    Est curé maintenant, et met les gens en terre :
           Il n’a point changé de métier.

  • Pour quelque vain discours sottement avancé
    Contre Homère, Platon, Cicerón ou Virgile,
    Caligula partout fut traité d’insensé,
    Néron de furieux, Adrien d’imbécile.
           Vous donc qui, dans la même erreur,
    Avec plus d’ignorance et non moins de fureur,
    Attaquez ces héros de la Grèce et de Rome,
           Perrault, fussiez-vous empereur,
           ...