• N'es-tu pas notre géométrie,
    fenêtre, très simple forme
    qui sans effort circonscris
    notre vie énorme ?

    Celle qu'on aime n'est jamais plus belle
    que lorsqu'on la voit apparaître
    encadrée de toi ; c'est, ô fenêtre,
    que tu la rends presque éternelle.

    Tous les hasards sont abolis. L'être
    se tient au milieu de l'amour,
    avec ce...

  • Qu'il est doux parfois d'être de ton avis,
    frère aîné, ô mon corps,
    qu'il est doux d'être fort
    de ta force,
    de te sentir feuille, tige, écorce
    et tout ce que tu peux devenir encor,
    toi, si près de l'esprit.

    Toi, si franc, si uni
    dans ta joie manifeste
    d'être cet arbre de gestes
    qui, un instant, ralentit
    les allures célestes
    ...

  • Chemins qui ne mènent nulle part
    entre deux prés,
    que l'on dirait avec art
    de leur but détournés,

    chemins qui souvent n'ont
    devant eux rien d'autre en face
    que le pur espace
    et la saison.

  • Voici encor de l'heure qui s'argente,
    mêlé au doux soir, le pur métal
    et qui ajoute à la beauté lente
    les lents retours d'un calme musical.

    L'ancienne terre se reprend et change :
    un astre pur survit à nos travaux.
    Les bruits épars, quittant le jour, se rangent
    et rentrent tous dans la voix des eaux.

  • Sur le soupir de l'amie
    toute la nuit se soulève,
    une caresse brève
    parcourt le ciel ébloui.

    C'est comme si dans l'univers
    une force élémentaire
    redevenait la mère
    de tout amour qui se perd.

  • C'est pour t'avoir vue
    penchée à la fenêtre ultime,
    que j'ai compris, que j'ai bu
    tout mon abîme.

    En me montrant tes bras
    tendus vers la nuit,
    tu as fait que, depuis,
    ce qui en moi te quitta,
    me quitte, me fuit...

    Ton geste, fut-il la preuve
    d'un adieu si grand,
    qu'il me changea en vent,
    qu'il me versa dans le...

  • Elle passe des heures émues
    appuyée à sa fenêtre,
    tout au bord de son être,
    distraite et tendue.

    Comme les lévriers en
    se couchant leurs pattes disposent,
    son instinct de rêve surprend
    et règle ces belles choses

    que sont ses mains bien placées.
    C'est par là que le reste s'enrôle.
    Ni les bras, ni les seins, ni l'épaule,
    ni elle-...

  • Nymphe, se revêtant toujours
    de ce qui la dénude,
    que ton corps s'exalte pour
    l'onde ronde et rude.

    Sans repos tu changes d'habit,
    même de chevelure ;
    derrière tant de fuite, ta vie
    reste présence pure.

  • N'était-il pas, ce verger, tout entier,
    ta robe claire, autour de tes épaules ?
    Et n'as-tu pas senti combien console
    son doux gazon qui pliait sous ton pied ?

    Que de fois, au lieu de promenade,
    il s'imposait en devenant tout grand ;
    et c'était lui et l'heure qui s'évade
    qui passaient par ton être hésitant.

    Un livre parfois t'accompagnait...

  • C'est qu'il nous faut consentir
    à toutes les forces extrêmes ;
    l'audace est notre problème
    malgré le grand repentir.

    Et puis, il arrive souvent
    que ce qu'on affronte, change :
    le calme devient ouragan,
    l'abîme le moule d'un ange.

    Ne craignons pas le détour.
    Il faut que les Orgues grondent,
    pour que la musique abonde
    de...