Dès l'aube un héron s'est figé comme un jonc
Sur le bord du lac vierge où son image plonge.
On le dirait surpris par le philtre d'un songe,
Évadé du réel, béat sur son pied long.
Oh ! bien loin de rêver, ce calme et beau héron
Fait devant l'onde grave un geste de mensonge.
Dans l'immobilité que sa ruse prolonge
Rien des flots recueillis n'échappe à son...
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Vous souvient-il qu'un jour auprès des flots tranquilles,
Sous le dais de ces bois moussus et parfumés,
Ainsi que les pastours des anciennes idylles,
Nous nous sommes aimés ?
Vous souvient-il encor des bois où nous allâmes,
Alors qu'aux vents de mai neigeaient les églantiers,
Alors que sans retour s'allumait en nos âmes
L'amour que vous chantiez ?... -
Puisque vous ne sauriez vous lasser, ô mes yeux,
D'admirer la splendeur de sa beauté charnelle,
Subissez à jamais son charme impérieux
Et soyez obsédés des feux de sa prunelle.
Puisqu'il m'est douloureux d'oser, en mon amour,
Vous sevrer du nectar de sa bouche incarnate,
Mes lèvres, brûlez donc de boire chaque jour
Son baiser qui parfume ainsi qu'un... -
Les cheveux flottants et la gorge nue,
Au sein d'un val où j'étais seul,
Une femme est venue.
Calme, en traversant l'ombre d'un tilleul,
Elle s'embellit d'un sourire,
Quand elle me vit seul,
Et, parfumant l'air d'une odeur de myrrhe,
Elle vint s'asseoir près de moi,
Ne cessant de sourire.
Puis elle m'offrit, vibrante d'émoi,
... -
[...] Gaspard reprend : " Tu sais, on croit qu'il va neiger
À Paris, il paraît qu'une nuit la surface
Des bassins a gelé ; je ne crois pas qu'il fasse
Pourtant pendant le jour encore un froid de loup ;
Nous pourrions bien avoir ici le contre-coup
De ça. " Roberte dit : " Oui, ce serait à craindre,
Mais jusqu'à présent nous n'avons pas à nous plaindre.
... -
Je t'attends samedi, car Alphonse Allais, car
A l'ombre, à Vaux, l'on gèle. Arrive. Oh ! la campagne !
Allons - bravo ! - longer la rive au lac, en pagne ;
Jette à temps, ça me dit, carafons à l'écart.
Laisse aussi sombrer tes déboires, et dépêche !
L'attrait (puis, sens !) : une omelette au lard nous rit,
Lait, saucisse, ombre, thé des poires et des... -
Je me souviens de mon enfance
Et du silence où j'avais froid ;
J'ai tant senti peser sur moi
Le regard de l'indifférence.
Ô jeunesse, je te revois
Toute petite et repliée,
Assise et recueillant les voix
De ton âme presque oubliée. -
Le bonheur est mélancolique.
Le cri des plus joyeux oiseaux
Paraît lointain comme de l'eau
Où se noierait une musique.
À l'oeil qui s'en repaît longtemps
La couleur des fleurs est moins fraîche ;
L'herbe a parfois l'air d'être sèche
Sur le sein même du printemps.
L'allégresse comme un mensonge
Hausse sa note d'un degré
Et l'... -
Ma tête, penche-toi sur l'eau blanche et dénoue
Dedans tes longs cheveux et que l'eau passe et joue
Au travers, les emporte au mouvement des vagues
Dans le sommeil flottant et végétal de l'algue.
Que le glissement calme et murmurant de l'eau
Entraîne hors de ton front cet impalpable flot
De pensée et de rêve avec tes longues tresses
Qui mêlent au... -
Vivre du vert des prés et du bleu des collines,
Des arbres racineux qui grimpent aux ravines,
Des ruisseaux éblouis de l'argent des poissons ;
Vivre du cliquetis allègre des moissons,
Du clair halètement des sources remuées,
Des matins de printemps qui soufflent leurs buées,
Des octobres semeurs de feuilles et de fruits
Et de l'enchantement lunaire au...