• Un homme qui s'aimait sans avoir de rivaux
    Passait dans son esprit pour le plus beau du monde.
    Il accusait toujours les miroirs d'être faux,
    Vivant plus que content dans son erreur profonde.
    Afin de le guérir, le sort officieux
    Présentait partout à ses yeux
    Les Conseillers muets dont se servent nos Dames :
    Miroirs dans les logis, miroirs chez les Marchands,...

  • Socrate un jour faisant bâtir,
    Chacun censurait son ouvrage :
    L'un trouvait les dedans, pour ne lui point mentir,
    Indignes d'un tel personnage ;
    L'autre blâmait la face, et tous étaient d'avis
    Que les appartements en étaient trop petits.
    Quelle maison pour lui ! L'on y tournait à peine.
    Plût au ciel que de vrais amis,
    Telle qu'elle est, dit-il, elle pût...

  • Un Astrologue un jour se laissa choir
    Au fond d'un puits. On lui dit : "Pauvre bête,
    Tandis qu'à peine à tes pieds tu peux voir,
    Penses-tu lire au-dessus de ta tête ? "
    Cette aventure en soi, sans aller plus avant,
    Peut servir de leçon à la plupart des hommes.
    Parmi ce que de gens sur la terre nous sommes,
    Il en est peu qui fort souvent
    Ne se plaisent d'...

  • " A de simples couleurs mon art plein de magie
    Sait donner du relief, de l'âme, et de la vie :
    Ce n'est rien qu'une toile, on pense voir des corps.
    J'évoque, quand je veux, les absents et les morts ;
    Quand je veux, avec l'art je confonds la nature :
    De deux peintres fameux qui ne sait l'imposture ?
    Pour preuve du savoir dont se vantaient leurs mains,
    L'un...

  • Dans ce récit je prétends faire voir
    D'un certain sot la remontrance vaine.
    Un jeune enfant dans l'eau se laissa choir,
    En badinant sur les bords de la Seine.
    Le Ciel permit qu'un saule se trouva,
    Dont le branchage, après Dieu, le sauva.
    S'étant pris, dis-je, aux branches de ce saule,
    Par cet endroit passe un Maître d'école.
    L'Enfant lui crie : "Au...

  • On ne peut trop louer trois sortes de personnes :
    Les Dieux, sa Maîtresse, et son Roi.
    Malherbe le disait ; j'y souscris quant à moi :
    Ce sont maximes toujours bonnes.
    La louange chatouille et gagne les esprits ;
    Les faveurs d'une belle en sont souvent le prix.
    Voyons comme les Dieux l'ont quelquefois payée.
    Simonide avait entrepris
    L'éloge d'un Athlète...

  • Toute puissance est faible, à moins que d'être unie.
    Ecoutez là-dessus l'esclave de Phrygie.
    Si j'ajoute du mien à son invention,
    C'est pour peindre nos moeurs, et non point par envie ;
    Je suis trop au-dessous de cette ambition.
    Phèdre enchérit souvent par un motif de gloire ;
    Pour moi, de tels pensers me seraient malséants.
    Mais venons à la Fable ou plutôt à...

  • L'invention des Arts étant un droit d'aînesse,
    Nous devons l'Apologue à l'ancienne Grèce.
    Mais ce champ ne se peut tellement moissonner
    Que les derniers venus n'y trouvent à glaner.
    La feinte est un pays plein de terres désertes.
    Tous les jours nos Auteurs y font des découvertes.
    Je t'en veux dire un trait assez bien inventé ;
    Autrefois à Racan Malherbe l'a...

  • Tout l'Univers obéit à l'Amour ;
    Belle Psyché, soumettez-lui votre âme.
    Les autres dieux à ce dieu font la cour,
    Et leur pouvoir est moins doux que sa flamme.
    Des jeunes coeurs c'est le suprême bien
    Aimez, aimez ; tout le reste n'est rien.

    Sans cet Amour, tant d'objets ravissants,
    Lambris dorés, bois, jardins, et fontaines,
    N'ont point d'...

  • Pour un Ane enlevé deux Voleurs se battaient :
    L'un voulait le garder ; l'autre le voulait vendre.
    Tandis que coups de poing trottaient,
    Et que nos champions songeaient à se défendre,
    Arrive un troisième larron
    Qui saisit maître Aliboron.
    L'Ane, c'est quelquefois une pauvre province.
    Les voleurs sont tel ou tel prince,
    Comme le Transylvain, le Turc, et...