• Quand Philis chaque jour inventait quelque outrage
    Pour troubler mes désirs et mon contentement,
    Il semblait qu'à l'envi d'un si rude tourment
    Mon amour augmentait sa fureur et sa rage.

    Maintenant que le ciel a calmé cet orage,
    Qu'elle brûle pour moi d'un vif embrasement,
    Les visibles ardeurs de son feu véhément,
    Au lieu de m'enflammer, me glacent le...

  • Cloris dont la présence à mes yeux est si chère
    Et dont l'éloignement est si rude à mon coeur,
    Mon sort est si cruel qu'il n'est point de rigueur
    Dont la mer contre moi n'ait montré sa colère.

    Mes yeux pour quelque temps perdirent la lumière,
    La faiblesse me prit, je devins en langueur
    Et mon corps tout glacé n'ayant plus de vigueur,
    De la barque où...

  • Que Parténice est belle, encor qu'elle soit noire !
    C'est le plus digne objet où s'adressent nos voeux ;
    A l'ébène éclatant qui luit en ses cheveux,
    L'or, et l'ambre ont cédé l'honneur de la victoire.

    Quelle si blanche main, ou d'albâtre ou d'ivoire ,
    De ses liens si noirs peut défaire les noeuds ?
    Quelle clarté de teint brille de tant de feux
    Que les...

  • IMPROMPTU SUR DES POTS DE FLEURS QUE
    MONSIEUR LE PRINCE DE CONDÉ CULTIVA
    LUI-MÊME


    En voyant ces oeillets qu'un illustre guerrier
    Arrosa d'une main qui gagna des batailles,
    Souviens-toi qu'Apollon bâtissait des murailles
    Et ne t'étonne point que Mars soit jardinier.

  • Oui, sans peine, au travers des sophismes de Claude,
    Arnauld, des novateurs tu découvres la fraude,
    Et romps de leurs erreurs les filets captieux :
    ais que sert que ta main leur dessille les yeux,
    Si toujours dans leur âme une pudeur rebelle,
    Près d'embrasser l'Eglise, au prêche les rappelle ?
    Non, ne crois pas que Claude, habile à se tromper,
    Soit insensible...

  • Air

    Voici les lieux charmants où mon âme ravie
    Passait à contempler Silvie
    Les tranquilles moments si doucement perdus.
    Que je l'aimais alors ! Que je la trouvais belle !
    Mon coeur, vous soupirez au nom de l'Infidèle :
    Avez-vous oublié que vous ne l'aimez plus ?

    C'est ici que souvent, errant dans les prairies,
    Ma main, des fleurs les plus chéries
    Lui...

  • Que tu sais bien, Racine, à l'aide d'un acteur,
    Emouvoir, étonner, ravir un spectateur !
    Jamais Iphigénie en Aulide immolée
    N'a coûté tant de pleurs à la Grèce assemblée,
    Que dans l'heureux spectacle à nos yeux étalé
    En a fait sous son nom verser la Champmeslé.
    Ne crois pas toutefois, par tes savants ouvrages,
    Entraînant tous les coeurs, gagner tous les...

  • Au pied de cet autel de structure grossière
    Gît sans pompe, enfermé dans une vile bière,
    Le plus savant mortel qui jamais ait écrit ;
    Arnauld, qui, sur la grâce instruit par Jésus-Christ,
    Combattant pour l'Eglise, a, dans l'Eglise même,
    Souffert plus d'un outrage et plus d'un anathème.
    Plein de feu qu'en son coeur souffla l'esprit divin,
    Il terrassa...

  • Qui frappe l'air, bon Dieu ! de ces lugubres cris ?
    Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris ?
    Et quel fâcheux démon, durant les nuits entières,
    Rassemble ici les chats de toutes les gouttières ?
    J'ai beau sauter du lit, plein de trouble et d'effroi,
    Je pense qu'avec eux tout l'enfer est chez moi :
    L'un miaule en grondant comme un tigre en furie ;...

  • Craignez-vous pour vos vers la censure publique ?
    Soyez-vous à vous-même un sévère critique.
    L'ignorance toujours est prête à s'admirer.
    Faites-vous des amis prompts à vous censurer ;
    Qu'ils soient de vos écrits les confidents sincères,
    Et de tous vos défauts les zélés adversaires.
    Dépouillez devant eux l'arrogance d'auteur ;
    Mais sachez de l'ami discerner le...