• Le soleil que sa halte
    Surnaturelle exalte
    Aussitôt redescend
    Incandescent

    Je sens comme aux vertèbres
    S'éployer des ténèbres
    Toutes dans un frisson
    A l'unisson

    Et ma tête surgie
    Solitaire vigie
    Dans les vols triomphaux
    De cette faux

    Comme rupture franche
    Plutôt refoule ou tranche
    Les anciens désaccords...

  • Où la Chimère s'exténue
    Vaut la torse et native nue
    Que, hors de ton miroir, tu tends !

    Les trous de drapeaux méditants
    S'exaltent dans une avenue :
    Moi, j'ai ta chevelure nue
    Pour enfouir des yeux contents.

    Non. La bouche ne sera sûre
    De rien goûter à sa morsure,
    S'il ne fait, ton princier amant,

    Dans la considérable touffe...

  • Cependant que la cloche éveille sa voix claire
    A l'air pur et limpide et profond du matin
    Et passe sur l'enfant qui jette pour lui plaire
    Un angelus parmi la lavande et le thym,

    Le sonneur effleuré par l'oiseau qu'il éclaire,
    Chevauchant tristement en geignant du latin
    Sur la pierre qui tend la corde séculaire,
    N'entend descendre à lui qu'un tintement...

  • De l'éternel Azur la sereine ironie
    Accable, belle indolemment comme les fleurs,
    Le poëte impuissant qui maudit son génie
    A travers un désert stérile de Douleurs.

    Fuyant, les yeux fermés, je le sens qui regarde
    Avec l'intensité d'un remords atterrant,
    Mon âme vide. Où fuir ? Et quelle nuit hagarde
    Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant ?
    ...

  • Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change,
    Le Poète suscite avec un glaive nu
    Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu
    Que la mort triomphait dans cette voix étrange !

    Eux, comme un vil sursaut d'hydre oyant jadis l'ange
    Donner un sens plus pur aux mots de la tribu,
    Proclamèrent très haut le sortilège bu
    Dans le flot sans honneur de quelque noir...

  • Je t'apporte l'enfant d'une nuit d'Idumée !
    Noire, à l'aile saignante et pâle, déplumée,
    Par le verre brûlé d'aromates et d'or,
    Par les carreaux glacés, hélas ! mornes encor
    L'aurore se jeta sur la lampe angélique,
    Palmes ! et quand elle a montré cette relique
    A ce père essayant un sourire ennemi,
    La solitude bleue et stérile a frémi.

    Ô la berceuse...

  • Des avalanches d'or du vieil azur, au jour
    Premier et de la neige éternelle des astres
    Jadis tu détachas les grands calices pour
    La terre jeune encore et vierge de désastres,

    Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin,
    Et ce divin laurier des âmes exilées
    Vermeil comme le pur orteil du séraphin
    Que rougit la pudeur des aurores foulées,

    L'...

  • (pour des Esseintes)

    Hyperbole ! de ma mémoire
    Triomphalement ne sais-tu
    Te lever, aujourd'hui grimoire
    Dans un livre de fer vêtu :

    Car j'installe, par la science,
    L'hymne des coeurs spirituels
    En l'oeuvre de ma patience,
    Atlas, herbiers et rituels.

    Nous promenions notre visage
    (Nous fûmes deux, je le maintiens)
    ...

  • Rien, cette écume, vierge vers
    A ne désigner que la coupe ;
    Telle loin se noie une troupe
    De sirènes mainte à l'envers.

    Nous naviguons, ô mes divers
    Amis, moi déjà sur la poupe
    Vous l'avant fastueux qui coupe
    Le flot de foudres et d'hivers ;

    Une ivresse belle m'engage
    Sans craindre même son tangage
    De porter debout ce salut...

  • Au-dessus du bétail ahuri des humains
    Bondissaient en clartés les sauvages crinières
    Des mendieurs d'azur le pied dans nos chemins.

    Un noir vent sur leur marche éployé pour bannières
    La flagellait de froid tel jusque dans la chair,
    Qu'il y creusait aussi d'irritables ornières.

    Toujours avec l'espoir de rencontrer la mer,
    Ils voyageaient sans pain...