D’où vient que Cicerón, Platon, Virgile, Homère,
Et tous ces grands auteurs que l’univers révère,
Traduits dans vos écrits nous paraissent si sots ?
Perrault, c’est qu’en prêtant à ces esprits sublimes
Vos façons de parler, vos bassesses, vos rimes,
Vous les faites tous des Perraults.
-
-
Le bruit court que Bacchus, Junon, Jupiter, Mars,
Apollon, le dieu des beaux arts ;
Les Ris même, les Jeux, les Grâces et leur mère,
Et tous les dieux enfants d’Homère,
Résolus de venger leur père,
Jettent déjà sur vous de dangereux regards.
Perrault, craignez enfin quelque triste aventure :
Comment soutiendrez-vous un choc si... -
Ci gît l’auteur d’un gros livre
Plus embrouillé que savant.
Après sa mort il crut vivre,
Et mourut dès son vivant. -
Ton oncle, dis-tu, l’assassin
M’a guéri d’une maladie :
La preuve qu’il ne fut jamais mon médecin,
C’est que je suis encor en vie. -
Malgré son fatras obscur,
Souvent Brébeuf étincelle :
Un vers noble, quoique dur,
Peut s’offrir dans la Pucelle.
Mais, ô ma lyre fidèle,
Si du parfait ennuyeux
Tu veux trouver le modèle,
Ne cherche point dans les cieux
D’astre au soleil préférable ;
Ni dans la foule innombrable
De tant d’écrivains divers
Chez Coignard rongés... -
Lorsqu’à Pluton le messager Mercure
Eut apporté le Banquet de Platon,
II fit venir le maître d’Épicure,
Et lui dit : Tiens, lis-moi ce rogaton.
Lors Démocrite, abusé par le ton,
Lut cet écrit, le croyant d’un sophiste.
Qui fut penaut ? Ce fut le bon Pluton ;
Car son rieur devint panégyriste. -
Chrysologue toujours opine ;
C’est le vrai Grec de Juvénal :
Tout ouvrage, toute doctrine
Ressortit à son tribunal.
Faut-il disputer de physique ?
Chrysologue est physicien.
Voulez-vous parler de musique ?
Chrysologue est musicien.
Que n’est-il point ? Docte critique,
Grand poëte, bon scolastique,
Astronome, grammairien.
Est-ce... -
Oui, j’ai dit dans mes vers qu’un célèbre assassin,
Laissant de Galien la science infertile,
D’ignorant médecin devint maçon habile :
Mais de parler de vous je n’eus jamais dessein,
Lubin ; ma muse est trop correcte. -
Clio vint l’autre jour se plaindre au dieu des vers
Qu’en certain lieu de l’univers
On traitait d’auteurs froids, de poètes stériles,
Les Homères et les Virgiles.
Cela ne saurait être ; on s’est moqué de vous,
Reprit Apollon en courroux :
Où peut-on avoir dit une telle infamie ?
Est-ce chez les Hurons, chez les Topinambous ? —... -
De tes lectures assidues,
Ami, crois-moi, pour quelques jours
Tâche d’interrompre le cours ;
Car, pour peu que tu continues,
Je crains, à te parler sans fard,
Que la mort sévère et chagrine,
Jugeant peut-être à tout hasard
De ton âge par ta doctrine,
Ne te prenne pour un vieillard.