• Ô Méditerranée, ô mer tiède, ô mer calme,
    Grand lac que sans effroi traversent les oiseaux,
    Les aiguilles des pins d’Italie & la palme
    Vibrent dans la clarté limpide de tes eaux.

    Tes golfes dentelés ont de divins caprices,
    Ton éclatant rivage a des cailloux d’argent,
    Et la voile latine erre sur tes flots lisses,
    Charmante comme un cygne immobile...

  • Le contour des objets tremble. Le jour recule.
    Les horizons sont plus prochains au crépuscule,
    Et la colline semble un navire qui va…
    Voici l’heure féerique où tout ce qu’on rêva
    D’étrange reparaît tout à coup dans les choses :

    L’arbre noueux se tord en de bizarres poses ;
    Un frisson court. Les bruits ressemblent à des voix ;
    L’horreur sacrée emplit...

  • L’aspiration est pareille
    À l’oiseau, vautour ou condor,
    Qui plane dans l’aube vermeille,
    Dans les nuits & les couchants d’or.

    On aime ensemble & l’on redoute
    Cet oiseau fauve au bec de fer
    Qui sait se creuser une route
    Dans la nuée & dans l’éclair.

    Celui qui l’ignore le nomme
    Roc ou Phénix, & n’y croit pas ;
    ...

  • L’âme est en nous gênée, immobile, plaintive ;
    Son aile est repliée, hélas ! & s’il arrive
    Parfois que le regret du ciel éblouissant
    La prenne, & que l’essor la tourmente, elle sent
    Se rétrécir soudain la geôle accoutumée,
    Et c’est comme un oiseau dans une main fermée.

  • J’ai suivi du regard le vol d’une hirondelle,
    Et, très-haut dans l’azur, chaque battement d’aile
    Que je n’entendais pas figurait à mes yeux
    Les signes longs ou brefs d’un rhythme harmonieux ;
    Après des coups pressés comme des cris de joie,
    Le vol s’apaise, l’aile entière se déploie
    Immobile, & bientôt l’andante grave suit
    L’allegro palpitant qui...