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    Toi, dont le siècle encore agite la mémoire,
    Pourquoi dors-tu si loin de ton lac, ô Rousseau ?
    Un abîme de bruit, de malheur et de gloire,
    Devait-il séparer ta tombe et ton berceau ?

    De ce frais Ermitage aux coteaux des Charmettes,
    Par quels rudes sentiers ton destin t'a conduit !
    Hélas ! la terre ainsi traîne tous ses poètes
    De leur berceau...

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    Mystérieux déserts, dont les larges collines
    Sont les os des cités dont le nom a péri ;
    Vastes blocs qu’a roulés le torrent des ruines ;
    Immense lit d’un peuple où la vague a tari ;
    Temples qui, pour porter vos fondements de marbre,
    Avez déraciné les grands monts comme un arbre ;
    Gouffres où rouleraient des fleuves tout entiers ;
    Colonnes où...

  • France, au lieu de pleurer l'éclipse de ta gloire,
    Reporte ici les yeux, et pense à ton histoire ;
    Rappelle à ton esprit quels merveilleux exploits
    T'ont de tes oppresseurs délivrée autrefois ;
    Apprends, quelques revers que le ciel te destine,
    À ne jamais douter de la faveur divine,
    À garder ton courage, à croire en tes destins ;
    Et si les nations, des...

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    Dans ces calculs du sort qu'on appelle hasard,
    Si le bonheur obtient trop rarement sa part,
    S'il faut, le cœur serré, pensif et solitaire,
    Poursuivre avec effort sa course sur la terre,
    Attendant vainement qu'au détour du chemin
    Un ami se présente et nous serre la main,
    A quoi bon espérer ? Sans projets, sans envie,
    Ne cherchons désormais que l...

  • Si mes écrits, Ronsard, sont semés de ton los,
    Et si le mien encor tu ne dédaignes dire,
    D'être enclos en mes vers ton honneur ne désire,
    Et par là je ne cherche en tes vers être enclos.

    Laissons donc, je te prie, laissons causer ces sots,
    Et ces petits galants, qui, ne sachant que dire,
    Disent, voyant Ronsard et Bellay s'entr'écrire,
    Que ce sont...