• Italie, Italie, ô terre où toutes choses
    Frissonnent de soleil, hormis tes méchants vins !
    Paradis où l'on trouve avec des lauriers-roses
    Des sorbets à la neige et des ballets divins !

    Terre où le doux langage est rempli de diphthongues !
    Voici qu'on pense à toi, car voici venir mai,
    Et nous ne verrons plus les redingotes longues
    Où tout parfait dandy...

  • Ô bois qui du soleil accusez l'impuissance,
    Recevant de ses traits la chaude violence
    Sans en être percé,
    Que n'ai-je comme vous fortifié mon âme
    Pour recevoir les coups du bel oeil qui m'enflamme
    Sans en être offensé !

    Que n'ai-je comme vous une écorce sauvage
    Insensible aux douleurs, comme vous à l'outrage
    Des hivers ravissants !
    ...

  • Mon Soleil qui brillez de vos yeux dans mes yeux,
    Et pour trop de clarté leur ôtez la lumière,
    Je ne vois rien que vous, et mon âme est si fière
    Qu'elle ne daigne plus aimer que dans les cieux.

    Tout autre amour me semble un enfer furieux
    Plein d'horreur et de mort dont m'enfuyant arrière
    J'en laisse franchement plus franche la carrière
    A ceux qui...

  • A Mademoiselle Louise Read.

    Un soir, j'étais debout, auprès d'une fenêtre...
    Contre la vitre en feu j'avais mon front songeur,
    Et je voyais, là-bas, lentement disparaître
    Un soleil embrumé qui mourait sans splendeur !
    C'était un vieux soleil des derniers soirs d'automne,
    Globe d'un rouge épais, de chaleur épuisé,
    Qui ne faisait baisser le regard à...

  • Levez-vous, Soleil de mon âme,
    Votre clarté plus ne me luit ;
    Chassez mon froid par votre flamme,
    Par vos rais l'ombre de ma nuit.

    L'autre soleil est par trop sombre
    Et trop peu chauds sont ses rayons
    Pour de mon âme chasser l'ombre
    Et faire fondre ses glaçons.

    Mon Soleil, ne tardez plus guère
    D'éclairer à votre retour ;
    ...

  • À André Borel.

    Pauvre bougre !
    JULES JANIN.


    Là dans ce sentier creux, promenoir solitaire
    De mon clandestin mal,
    Je viens tout souffreteux, et je me couche à terre
    Comme un brute animal.
    Je viens couver ma faim, la tête sur la pierre,
    Appeler le sommeil.
    Pour étancher un peu ma brûlante paupière ;
    Je viens user mon écot de...

  • Comme le jour depend du soleil qui l'enflame,
    Les fleuves de la mer, de son tige la fleur,
    L'intellect de l'esprit, du baume son odeur,
    L'humidité de l'eau, la chaleur de la flame ;

    Ainsi de l'estre humain, la non mortelle trame
    Depend, et beaucoup mieux du grand Tout son autheur,
    Il est de nos esprits l'esprit et le moteur,
    Vie de nostre vie, et...

  • Le soleil du matin doucement chauffe et dore
    Les seigles et les blés tout humides encore,
    Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit.
    L'on sort sans autre but que de sortir ; on suit,
    Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,
    Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.
    L'air est vif. Par moment un oiseau vole avec
    Quelque fruit de la haie ou quelque...

  • Les ajoncs éclatants, parure du granit,
    Dorent l'âpre sommet que le couchant allume ;
    Au loin, brillante encor par sa barre d'écume,
    La mer sans fin commence où la terre finit.

    A mes pieds c'est la nuit, le silence. Le nid
    Se tait, l'homme est rentré sous le chaume qui fume.
    Seul, l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
    A la vaste rumeur de l'...

  • Sur la côte d'un beau pays,
    Par delà les flots Pacifiques,
    Deux hauts palmiers épanouis
    Bercent leurs palmes magnifiques.

    À leur ombre, tel qu'un Nabab
    Qui, vers midi, rêve et repose,
    Dort un grand tigre du Pendj-Ab,
    Allongé sur le sable rose ;

    Et, le long des fûts lumineux,
    Comme au paradis des genèses,
    Deux serpents enroulent...