Pâle comme un matin de septembre en Norvège,
Elle avait la douceur magnétique du nord ;
Tout s?apaisait près d?elle en un tacite accord,
Comme le bruit des pas s?étouffe dans la neige.
Son visage, par un étrange sortilège,
Avait pris dès l?enfance et gardait sans efforts
Un peu de la beauté sublime qu?ont les morts ;
Et le rire semblait près d?elle...
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Barbare et somptueux brasier de pierreries,
Le sabre, recourbant sa lame d?acier fin,
Fait luire sur la rouge extase d?un coussin
L?efflorescent trésor de ses orfèvreries.
Il chante l?allégresse atroce des tueries ;
La guerre exalte en lui son orgueil assassin ;
Et les pierres, qu?enroule un fastueux dessin,
Chargent son pommeau d?or de lumières... -
J'ai secoué du rêve avec ma chevelure.
Aux foules où j'allais, un long frisson vivant
Me suivait, comme un bruit de feuilles dans le vent ;
Et ma beauté jetait des feux comme une armure.
Au large devant moi les coeurs fumaient d'amour ;
Froide, je traversais les désirs et les fièvres ;
Tout, drame ou comédie, avait lieu sur mes lèvres ;
Mon orgueil... -
Sur le vieux banc qu?ombrage un vert rideau de vigne
Clydie aux bandeaux purs, Clydie au col de cygne
Dévide, pour broder des oiseaux et des fleurs,
Un écheveau de soie aux brillantes couleurs.
Devant elle Palès tient, comme elle l?ordonne,
Sur ses petites mains l?écheveau monotone,
Et laissant par moments échapper un soupir
Remonte un peu le bras que l?ennui... -
Dans la cuisine où flotte une senteur de thym,
Au retour du marché, comme un soir de butin,
S?entassent pêle-mêle avec les lourdes viandes
Les poireaux, les radis, les oignons en guirlandes,
Les grands choux violets, le rouge potiron,
La tomate vernie et le pâle citron.
Comme un grand cerf-volant la raie énorme et plate
Gît fouillée au couteau, d?une plaie... -
Mon coeur, tremblant des lendemains,
Est comme un oiseau dans tes mains
Qui s'effarouche et qui frissonne.
Il est si timide qu'il faut
Ne lui parler que pas trop haut
Pour que sans crainte il s'abandonne.
Un mot suffit à le navrer,
Un regard en lui fait vibrer
Une inexprimable amertume.
Et ton haleine seulement,
Quand tu... -
Tout dort. Le fleuve antique entre ses quais de pierre
Semble immobile. Au loin s?espacent des beffrois.
Et sur la cité, monstre aux écailles de toits,
Le silence descend, doux comme une paupière.
Les palais et les tours sur le ciel étoilé
Découpent des profils de rêve. Notre-dame
Se reflète, géante, au miroir de mon âme.
Et la Sainte-Chapelle a l?air... -
Dans le parc vaporeux où l'heure s'énamoure,
Les robes de satin et les sveltes manteaux
Se mêlent, reflétés au ciel calme des eaux,
Et c'est la fin d'un soir infini qu'on savoure.
Les éventails sont clos ; dans l'air silencieux
Un andante suave agonise en sourdine,
Et, comme l'eau qui tombe en la vasque voisine,
L'amour tombe dans l'âme et déborde... -
Le ciel suave était jonché de pâles roses...
Tes yeux tendres au fond de ton large chapeau
Rêvaient : tu flottais toute aux plis d'un grand manteau,
Et ton coeur, qu'inclinaient d'inexprimables choses,
Le ciel suave était jonché de pâles roses...
Se penchait sur mon coeur comme un iris sur l'eau.
Le ciel suave était jonché de violettes...
Avec je... -
Les générations passent sous le soleil,
Sans regarder le ciel trop haut pour leurs paupières,
Bétail indifférent, végétant aux litières
Des jours de chair épaisse et d?opaque sommeil.
L?or seul, l?or luit partout, dieu sordide et vermeil.
Et les peuples obscurs, qu?effare la lumière,
Roulent à l?océan sans fond de la matière,
Larves mornes qui n?ont...