• Allez en paix, mon cher tourment,
    Vous m'avez assez alarmée,
    Assez émue, assez charmée...
    Allez au loin, mon cher tourment,
    Hélas ! mon invisible aimant !

    Votre nom seul suffira bien
    Pour me retenir asservie ;
    Il est alentour de ma vie
    Roulé comme un ardent lien :
    Ce nom vous remplacera bien.

    Ah ! je crois que sans le savoir
    J'...

  • Fleur naine et bleue, et triste, où se cache un emblème,
    Où l'absence a souvent respiré le mot : J'aime !
    Où l'aile d'une fée a laissé ses couleurs,
    Toi, qu'on devrait nommer le colibri des fleurs,
    Traduis-moi : porte au loin ce que je n'ose écrire ;
    Console un malheureux comme eût fait mon sourire :
    Enlevée au ruisseau qui délasse mes pas,
    Dis à mon cher...

  • Pauvre exilé de l'air ! Sans ailes, sans lumière,
    Oh ! Comme on t'a fait malheureux !
    Quelle ombre impénétrable inonde ta paupière !
    Quel deuil est étendu sur tes chants douloureux !
    Innocent Bélisaire ! Une empreinte brûlante
    Du jour sur ta prunelle a séché les couleurs,
    Et ta mémoire y roule incessamment des pleurs,
    Et tu ne sais pourquoi Dieu fit la nuit...

  • Elle avait fui de mon âme offensée ;
    Bien loin de moi je crus l'avoir chassée :
    Toute tremblante, un jour, elle arriva,
    Sa douce image, et dans mon coeur rentra :
    Point n'eus le temps de me mettre en colère ;
    Point ne savais ce qu'elle voulait faire ;
    Un peu trop tard mon coeur le devina.

    Sans prévenir, elle dit : "Me voilà ?
    "Ce coeur m'attend....

  • Regarde-le, mais pas longtemps :
    Un regard suffira, sois sûre,
    Pour lui pardonner la blessure
    Qui fit languir mes doux printemps.
    Regarde-le, mais pas longtemps !

    S'il parle, écoute un peu sa voix :
    Je ne veux pas trop t'y contraindre ;
    Je sais combien elle est à craindre,
    Ne l'entendît-on qu'une fois :
    S'il parle, écoute un peu sa voix !...

  • J'ai presque perdu la vue
    A suivre le jeune oiseau
    Qui, du sommet d'un roseau,
    S'est élancé vers la nue.

    S'il ne doit plus revenir,
    Pourquoi m'en ressouvenir ?

    Bouquet vivant d'étincelles,
    Il descendit du soleil
    Eblouissant mon réveil
    Au battement de ses ailes.

    S'il ne doit plus revenir,
    Pourquoi m'en ressouvenir ?
    ...

  • J'eus en ma vie un si beau jour,
    Qu'il éclaire encore mon âme.
    Sur mes nuits il répand sa flamme ;
    Il était tout brillant d'amour,
    Ce jour plus beau qu'un autre jour ;
    Partout, je lui donne un sourire,
    Mêlé de joie et de langueur ;
    C'est encor lui que je respire,
    C'est l'air pur qui nourrit mon coeur.

    Ah ! que je vis dans ses rayons,
    Une...

  • J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
    Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
    Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir.

    Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées
    Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.
    Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;

    La vague en a paru rouge et comme enflammée.
    Ce soir, ma robe...

  • Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête,
    Plein de plume choisie, et blanc, et fait pour moi !
    Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête,
    Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi !

    Beaucoup, beaucoup d'enfants, pauvres et nus, sans mère,
    Sans maison, n'ont jamais d'oreiller pour dormir ;
    Ils ont toujours sommeil, ô destinée amère !...

  • J'irai, j'irai porter ma couronne effeuillée
    Au jardin de mon père où revit toute fleur ;
    J'y répandrai longtemps mon âme agenouillée :
    Mon père a des secrets pour vaincre la douleur.

    J'irai, j'irai lui dire au moins avec mes larmes :
    " Regardez, j'ai souffert... " Il me regardera,
    Et sous mes jours changés, sous mes pâleurs sans charmes,
    Parce qu'il...