Votre livre paisible est comme ces clairières
Où les myosotis rêvent sous les fraisiers ;
Où les brises, du jour folles avant-courières,
Baignent leurs doux parfums dans les blancs cerisiers ;

Où l’on voit au travers des chênes des carrières
L’infini...

 
Si Dieu venant vers moi sur l’éclair des tempêtes
M’emportait, palpitant, sur un mont soucieux,
Et donnant à mon œil le regard des prophètes,
Me montrait l’univers que reflètent les cieux ;

Et qu’il me dît : Vois-tu ces splendeurs que j’ai faites
Combleront...

 
Madame, j’écoutais le piano frémissant
Sous vos doigts créateurs évoquer tout un monde
De rêves embaumés que nulle main n’émonde
Et qui montent aux cieux comme un soleil naissant.

Je cachais dans mes mains mon front incandescent ;
Votre inspiration sublime...

 
Comme Dieu dans le sein des mers mystérieuses
A dérobé la perle aux yeux des matelots,
J’ai, dans mon âme, loin des foules curieuses,
Enfoui mon amour et caché mes sanglots.

Oh ! de mon cœur blessé le douloureux mystère,
Madame, à vos regards restera...

 
Ange terrible et fier, j’aime ta hauteur sombre !
Tu fus plus grand que Dieu, car tu le combattis ;
Ton pas fit vaciller comme un vaisseau qui sombre
Sur leurs axes nouveaux les cieux dont tu sortis.

Le soleil s’éteignit en passant dans ton ombre,
l’...

 
O grand Théophile Gautier,
Roi des ciseleurs fantastique,
Toi qui touches d’un vol altier
Toutes les cimes artistiques :

O toi que l’Arabie ambra.
Hahroun-al-Raschid des Bohèmes.
Permets que dans ton Alhambra
Je chante au pied de tes poèmes....

 
I

Vagues immensités des sombres océans,
Que laboure sans fin la houle impétueuse,
Abîmes insondés, gouffres noirs et béants
Qu’illumine d’éclairs la foudre tortueuse ;

O forêts, qui penchez vos sapins éperdus
Sur les torrents fangeux des vallons...

 
I

Je n’aimerai jamais, je n’ai jamais aimé ;
Aux lâches passions mon cœur reste fermé.
Mon front est libre et fier ; aucun joug ne le blesse,
Je ne veux rien avoir de l’humaine faiblesse,
Et l’amour est un bât dont le sanglon de fer
S’imprime pour...

 
Quand Christophe Colomb eut enfin découvert
Ce continent lointain qu’on croyait chimérique,
Il mourut loin du sol qu’il avait entr’ouvert,
Et Vespuce donna son nom à l’Amérique.

Si la femme portait le nom doux et chéri
De son premier amant, Anglais,...

 
O ma belle brune aux yeux bleus,
Vagabonde enfant des Bohèmes,
Laisse-moi lire dans tes yeux,
De ton regard les longs poèmes.

Derrière le rideau des bois
Le soleil va cacher son orbe ;
Assoupis un moment ta voix
Et les refrains de ton théorbe....