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    Sous le clair de lune au frais du vallon,
    Beaux gars à chefs bruns, belles à chef blond,
    Au son du hautbois ou du violon
    Dansez la villanelle.

    La lande est noyée en des parfums bons.
    Attisez la joie au feu des charbons;
    Allez-y gaiement, allez-y par bonds,...

  • Maître, quand j'entendis, de par tes doigts magiques,
    Vibrer ce grand Nocturne, à des bruits d'or pareil ;
    Quand j'entendis, en un sonore et pur éveil,
    Monter sa voix, parfum des astrales musiques ;

    Je crus que, revivant ses rythmes séraphiques
    Sous l'éclat merveilleux de quelque bleu soleil,
    En toi, ressuscité du funèbre sommeil,
    Passait le grand vol...

  • Dans le soir triomphal la froidure agonise
    Et les frissons divins du printemps ont surgi ;
    L'Hiver n'est plus, vivat ! car l'Avril bostangi,
    Du grand sérail de Flore a repris la maîtrise.

    Certe, ouvre ta persienne, et que cet air qui grise,
    Se mêlant aux reflets d'un ciel pur et rougi,
    Rôde dans le boudoir où notre amour régit
    Avec les sons mourants que...

  • Quand les pastours, aux soirs des crépuscules roux
    Menant leurs grands boucs noirs aux râles d'or des flûtes,
    Vers le hameau natal, de par delà les buttes,
    S'en revenaient, le long des champs piqués de houx ;

    Bohèmes écoliers, âmes vierges de luttes,
    Pleines de blanc naguère et de jours sans courroux,
    En rupture d'étude, aux bois jonchés de brous
    Nous...

  • Elle était au couvent depuis trois mois déjà,
    Et le désir divin grandissait dans son être,
    Lorsqu'un soir, se posant au bord de sa fenêtre,
    Un bel oiseau bâtit son nid, puis s'y logea.

    Ce fut là qu'il vécut longtemps et qu'il mangea.
    Mais, comme elle sentait souvent l'ennui renaître,
    La soeur lui mit au cou par caprice une lettre...
    L'oiseau ne revint...

  • Les becs de gaz sont presque clos :
    Chauffe mon coeur dont les sanglots
    S'épanchent dans ton coeur par flots,
    Gretchen !

    Comme il te dit de mornes choses,
    Ce clavecin de mes névroses,
    Rythmant le deuil hâtif des roses,
    Gretchen !

    Prends-moi le front, prends-moi les mains,
    Toi, mon trésor de rêves maints
    Sur les juvéniles...

  • Avec l'obsession d'un sanglot étouffant,
    Combien ma souvenance eut d'amertume en elle,
    Lorsque, remémorant la douceur maternelle,
    Hier j'étais courbé sur ma couche d'enfant,

    En la grand'chambre ancienne aux rideaux de guipure,
    Où la moire est flétrie et le brocart fané,
    Parmi le mobilier de deuil où je suis né
    Et dont se scelle en moi l'ombre nacrée et...

  • La poussière s'étend sur tout le mobilier,
    Les miroirs de Venise ont défleuri leur charme ;
    Il y rôde comme un très vieux parfum de Parme,
    La funèbre douceur d'un sachet familier.

    Plus jamais ne résonne à travers le silence
    Le chant du piano dans des rythmes berceurs,
    Mendelssohn et Mozart, mariant leurs douceurs,
    Ne s'entendent qu'en rêve aux soirs de...

  • Tout se mêle en un vif éclat de gaieté verte
    O le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en choeur,
    Ainsi que les espoirs naguère à mon coeur,
    Modulent leur prélude à ma croisée ouverte.

    O le beau soir de mai ! le joyeux soir de mai !
    Un orgue au loin éclate en froides mélopées;
    Et les rayons, ainsi que de pourpres épées,
    Percent le coeur du jour qui se...

  • Calmes, elles s'en vont, défilant aux allées
    De la chapelle en fleurs, et je les suis des yeux,
    Religieusement joignant mes doigts pieux,
    Plein de l'ardent regret des ferveurs en allées.

    Voici qu'elles se sont toutes agenouillées
    Au mystique repas qui leur descend des cieux,
    Devant l'autel piqué de flamboiements joyeux
    Et d'une floraison de fleurs...