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    J’ai cru voir sur mon cœur un essaim de corbeaux
    En pleine lande intime avec des vols funèbres,
    De grands corbeaux venus de montagnes célèbres
    Et qui passaient au clair de lune et de flambeaux.

    Lugubrement, comme en cercle sur des tombeaux
    Et flairant un régal de carcasses de zèbres,
    Ils planaient au frisson glacé de nos ténèbres,
    Agitant à...

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    Par des temps de brouillard, de vent froid et de pluie,
    Quand l’azur a vêtu comme un manteau de suie,
    Fête des anges noirs! dans l’après-midi, tard,
    Comme il est douloureux de voir un corbillard,
    Traîné par des chevaux funèbres, en automne,
    S’en aller cahotant au chemin monotone,
    Là-bas vers quelque gris cimetière perdu,
    Qui lui-même, comme un...

  • Par les hivers anciens, quand nous portions la robe,
    Tout petits, frais, rosés, tapageurs et joufflus,
    Avec nos grands albums, hélas ! Que l’on n’a plus,
    Comme on croyait déjà posséder tout le globe !

    Assis en rond, le soir, au coin de feu, par groupes,
    Image sur image, ainsi combien joyeux
    Nous feuilletions, voyant, la gloire dans les yeux,
    Passer...

  • En la grand’chambre ancienne aux rideaux de guipure
    Où la moire est flétrie et le brocart fané,
    Parmi le mobilier de deuil où je suis né
    Et dont se scelle en moi l’ombre nacrée et pure ;

    Avec l’obsession d’un sanglot étouffant,
    Combien ma souvenance eut d’amertume en elle,
    Lorsque, remémorant la douceur maternelle,
    Hier, j’étais penché sur ma couche...

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    Dans le salon ancien à guipure fanée
    Où fleurit le brocat des sophas de Niphon,
    Tout peint de grands lys d’or, ce glorieux chiffon
    Survit aux bals défunts des dames de lignée.

    Mais, ô deuil triomphal ! l’autruche surannée
    S’effrange sous les pieds de bronze d’un griffon,
    Dans le salon ancien à guipure fanée
    Où fleurit le brocart des sophas...

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    Or, la pourpre vêt la véranda rose
    Au motif câlin d’une mandoline,
    En des sangs de soir, aux encens de rose,
    Or, la pourpre vêt la véranda rose.

    Parmi les eaux d’or des vases d’Egypte,
    Se fanent en bleu, sous les zéphirs tristes,
    Des plants odorants qui trouvent leur crypte
    Parmi les eaux d’or des vases d’Egypte.

    La musique embaume...

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    Comme Litz se dit triste au piano voisin !

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    Le givre a ciselé de fins vases fantasques,
    Bijoux d’orfèvrerie, orgueils de Cellini,
    Aux vitres du boudoir dont l’embrouillamini
    Désespère...

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    Maître Christian Loftel n’a d’état que celui
    De faire des cercueils pour les mortels ses frères,
    Au fond d’une boutique aux placards funéraires
    Où depuis quarante ans le jour à peine a lui.

    À cause de son air étrange, nul vers lui
    Ne vient : il a le froid des urnes Cinéraires.
    Parfois, quelque homme en deuil discute des parères
    Et retourne,...

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    Elle a voulu trouver les cloches
    Du Jeudi-Saint sur les chemins ;
    Elle a saigné ses pieds aux roches
    A les chercher dans les soirs maints,

    Ah ! lon lan laire,

    Elle a meurtri ses pieds aux roches ;
    On lui disait : Fouille tes poches. »
    ―Nenni, sont vers les...

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    Voici que verdit le printemps
    Où l’heure au cœur sonne vingt ans,
    Larivarite et la la ri.
    Voici que j’ai touché l’époque
    Où l’on est las d’habits en loque,
    Au gentil sieur il faudra ça
    ...