• Par l'ample mer, loin des ports et arènes
    S'en vont nageant les lascives sirènes
    En déployant leurs chevelures blondes,
    Et de leurs voix plaisantes et sereines,
    Les plus hauts mâts et plus basses carènes
    Font arrêter aux plus mobiles ondes,
    Et souvent perdre en tempêtes profondes ;
    Ainsi la vie, à nous si délectable,
    Comme sirène affectée et...

  • En lieu de mai, de dorure, ou de chaîne
    A ce matin premier jour de l'année
    Je vous envoie un brin de gui de chêne ;
    N'êtes-vous pas richement étrennée ?
    Cette façon d'en donner n'est pas née
    De moi premier : les vieux Druides sages
    En présentaient ce jour pour bons présages.
    Oh ! qu'en ce gui tel signe fût compris
    (Puisque le glud se fait de ses...

  • de l'Histoire des Indes


    Si la merveille unie à verité
    Est des espritz delectable posture,
    Bien debvra plaire au monde la lecture
    De ceste histoire et sa varieté.

    Autre ocean, d'aultres bords limité
    Et aultre ciel s'y veoit, d'aultre nature ;
    Aultre bestail, aultres fruictz et verdure,
    Et d'aultre gent le terrain habité.
    ...

  • Cy gist le corps de la plus heureuse ame
    Qui oncques fut ou soit pour sa beauté,
    Ou pour ses meurs, ou pour sa loyaulté,
    Ou pour avoir esté d'un amy femme.

    Amy qui a or le bruyt et la fame
    D'un vif exemple et seur de fermetté,
    Qui ce corps mort, ce corps tant regretté,
    Plus mort luy mesme a mys soubz ceste lame.

    Pas n'eust voulu seul...

  • Cheveux d'argent refrangé et retort,
    Espars au tour d'un visaige doré ;
    Frond refroncy qui m'as decolloré
    Me conviant d'aymer mesme la mort
    Te voyant butte et d'amour et de mort ;

    Oeil de pur nacre, oeil qui fuis à grand tort
    Tout oeil cherchant quelque object honoré ;
    Nez de pourfire et brunze elabouré,
    Sur qui l'envye ne feit onc nul...

  • Traducteur du present livre d'Amadis de Gaule


    Au grand desir, à l'instante requeste
    De tant d'amys dont tu peux disposer,
    Vouldrois tu bien (ô amy) t'opposer
    Par un reffus de chose tres honeste ?

    Chacun te prie et je t'en admoneste,
    Que l'Amadis qu'il t'a pleu exposer
    Vueilles permettre au monde et exposer,
    Car par tes faitz...

  • Voyant ces monts de veue ainsi lointaine
    Je les compare à mon long desplaisir.
    Haut est leur chef, et hault est mon desir,
    Leur pied est ferme et ma foy est certaine.

    D'eux mainct ruisseau coule et mainte fontaine,
    De mes deux yeulx sortent pleurs à loisir ;
    De forts souspirs ne me puis dessaisir,
    Et de grands vents leur cime est toute plaine....

  • D'un seul malheur se peult lamenter celle
    En qui tout l'heur des astres est compris
    C'est (ô Clement) que tu ne fuz espris
    Premier que moy de sa vive estincelle.

    Son nom cogneu par ta veine immortelle,
    Qui les vieux passe, et les nouveaux espritz,
    Apres mil ans seroit en plus grand pris
    Et la rendroit le temps tousjours plus belle.

    ...