Ami, vous avez beau, dans votre austérité,
N’estimer chaque objet que par l’utilité,
Demander tout d’abord à quoi tendent les choses
Et les analyser dans leurs fins et leurs causes ;
Vous avez beau vouloir vers ce pôle commun
Comme l’aiguille au nord faire tourner chacun ;
Il est dans la nature, il est de belles choses,
Des rossignols oisifs, de...
-
-
Tu voulais recueillir, comme en un reliquaire,
Les noms des vétérans du groupe audacieux
Qui s’obstine à lutter pour garder sous nos cieux
Le verbe si fécond de la France, ta mère.Tu fis un livre aussi viril que gracieux,
Une œuvre de justice, une œuvre salutaire.
Et la Gloire, là-bas, au pays des aïeux,
Hier, a sur ton chef posé sa main... -
Je vois fleurir, assis à ma fenêtre,
L’humble lilas de mon petit jardin,
Et son subtil arome qui pénètre
Vient jusqu’à moi dans le vent du matinMais je suis plein d’une colère injuste,
Car ma maîtresse a cessé de m’aimer,
Et je reproche à l’innocent arbuste
D’épanouir ses fleurs et d’embaumer.Tout enivré de soleil et de brise,
Ce... -
Fous le camp, quitte vite et plutôt que cela
Nos honnêtes Ardennes
Pour ton Auvergne honnête d’où déambula
Ta flemme aux lentes veines.Paresseux ! quitte ce Parquet pour en cirer
De sorte littérale
D’autres au pied de la lettre au lieu de t'ancrer,
Cariatide sale,
Dans ce prétoire... -
Sur sa tombe lointaine et que rien ne protège,
Entassant la poussière et les rameaux flétris,
Dix ans viennent de fuir, fertiles en débris ;
Dix ans sur sa mémoire ont répandu leur neige.Son nom, toujours présent et baigné de nos pleurs,
Reste écrit dans ma vie à la plus belle page.
Ami ! mon cœur, si plein de nouvelles douleurs,
Garde encore... -
Quand l’aigle est fatigué de planer dans la nue,
Retraversant l’espace en son vol triomphant,
Il revient se poser sur la montagne nue,
Qui tressaille d’orgueil en voyant son enfant !Peintre, tu nous reviens, ainsi que l’aigle immense
Qui, faisant trève un jour à son sublime essor,
Avant que dans les cieux sa course recommence,
Se repose un... -
Tu vivras toujours jeune, et grâce aux Piéride
Gallus, jamais ton front ne connaîtra les rides ;
Leurs mains, leurs belles mains sans trêve tresseront
Le laurier dont la feuille ombragera ton front,
Et, sous le jour divin qui fait mouvoir les ombres,
Tes grands yeux tour à tour éblouissans ou sombres
Refléteront ainsi qu’au miroir de tes vers
... -
XXI
À un poëteAmi, cache ta vie et répands ton esprit.
Un tertre, où le gazon diversement fleurit ;
Des ravins où l’on voit grimper les chèvres blanches ;
Un vallon, abrité... -
Lorsqu’on m’offre un vieux vin, noble sang de la vigne,
Quel que soit le calice où coule la liqueur,
— Grès ou cristal, — je bois ce bon vin, toujours digne
De mon gosier de franc buveur.Mais lorsque m’est offert le nectar de l’Idée,
Je ne le puis goûter qu’en un vase charmant :
Buveur ivre du beau, je veux le diamant
Pour qu’au gré de ma soif la... -
QUAND la pairie était comme l’herbe fauchée
Sous les pieds et la dent féroce du vainqueur.
Poète, j’ai pleuré du profond de mon cœur
Et sa splendeur éteinte et sa gloire couchée.Devant les morts sacrés dont elle était jonchée,
J’ai dit mon désespoir, ma haine, ma rancœur
Et j’ai mêlé ma voix au lamentable chœur
Dont la pitié s’était vers sa...