Gordes, il m'est avis que je suis éveillé,
Comme un qui tout ému d'un effroyable songe
Se réveille en sursaut et par le lit s'allonge,
S'émerveillant d'avoir si longtemps sommeillé.
Roger devint ainsi (ce crois-je) émerveillé : 
Et crois que tout ainsi la vergogne me ronge, 
Comme lui, quand il eut découvert le mensonge 
Du fard magicien qui l'avait...
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  Telle que dans son char la Bérécynthienne 
 Couronnée de tours, et joyeuse d'avoir
 Enfanté tant de dieux, telle se faisait voir
 En ses jours plus heureux cette ville ancienne :
 Cette ville, qui fut plus que la Phrygienne
 Foisonnante en enfants, et de qui le pouvoir
 Fut le pouvoir du monde, et ne se peut revoir
 Pareille à sa grandeur, grandeur sinon la...
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  Divins esprits, dont la poudreuse cendre 
 Gît sous le faix de tant de murs couverts,
 Non votre los, qui vif par vos beaux vers
 Ne se verra sous la terre descendre,
 Si des humains la voix se peut étendre
 Depuis ici jusqu'au fond des enfers,
 Soient à mon cri les abîmes ouverts
 Tant que d'abas vous me puissiez entendre.
 Trois fois cernant sous le...
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  Je hais plus que la mort un jeune casanier, 
 Qui ne sort jamais hors, sinon aux jours de fête,
 Et craignant plus le jour qu'une sauvage bête,
 Se fait en sa maison lui-même prisonnier.
 Mais je ne puis aimer un vieillard voyager,
 Qui court deçà delà, et jamais ne s'arrête,
 Ainsi des pieds moins léger que léger de la tête,
 Ne séjourne jamais non plus qu'un...
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  Ô que celui était cautement sage, 
 Qui conseillait, pour ne laisser moisir
 Ses citoyens en paresseux loisir,
 De pardonner aux remparts de Carthage !
 Il prévoyait que le romain courage,
 Impatient du languissant plaisir,
 Par le repos se laisserait saisir
 A la fureur de la civile rage.
 Aussi voit-on qu'en un peuple otieux,
 Comme l'humeur en...
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  Sous le pont Mirabeau coule la Seine 
 Et nos amours
 Faut-il qu'il m'en souvienne
 La joie venait toujours après la peine
 Vienne la nuit sonne l'heure
 Les jours s'en vont je demeureLes mains dans les mains restons face à face 
 Tandis que sous
 Le pont de nos bras passe
 Des éternels regards l'onde si lasseVienne la nuit sonne l'heure 
 Les...
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  Les sanglots longs 
 Des violons
 De l’automne
 Blessent mon cœur
 D’une langueur
 Monotone.Tout suffocant 
 Et blême, quand
 Sonne l’heure,
 Je me souviens
 Des jours anciens
 Et je pleure;Et je m’en vais 
 Au vent mauvais
 Qui m’emporte
 Deçà, delà,
 Pareil à la
 Feuille morte.
