•                         
                  V

    Avant que tu ne t’en ailles,
    Pâle étoile du matin,
              — Mille cailles
    Chantent, chantent dans le thym. —

    Tourne devers le poète,
    Dont les yeux sont pleins d’amour ;
              — L’alouette
    Monte au ciel avec le jour. —

    Tourne ton regard que noie
    L’aurore dans son azur ;...

  •  
    Bah ! (Ce n’est pas à vous que l’on parle, madame),
    Après tout, laissons-nous promener par la lame.
    Elle est douce, elle est forte, elle sent bon la mer,
    Son haleine est salée avec un goût amer,
    Elle est ronde et nerveuse, elle chante, elle gronde,
    Et c’est un véhicule aimable sur le monde,
    Sa transparence aussi forme un miroir vivant,
    ...

  • C’est un plus petit cœur
    Avec la pointe en l’air ;
    Symbole doux et fier
    C’est un plus tendre cœur.

    Il verse ah ! que de pleurs
    Corrosifs plus que feu

    Prolongés mieux qu’adieu,
    Blancs comme blanches fleurs !

    Vêtu de violet,
    Fait beau le voir yssir,
    Mais à tout le plaisir
    Qu’il donne quand lui plaît !

    Comme un évêque...

  • Gland point suprême de l’être

    De mon maître,
    De mon amant adoré
    Qu’accueille avec joie et crainte,
    Ton étreinte
    Mon heureux cul, perforé

    Tant et tant par ce gros membre
    Qui se cambre,
    Se gonfle et, tout glorieux

    De ses hauts faits et prouesses,

    Dans...
  • Madame et Pauline Roland,
    Charlotte, Théroigne, Lucile,
    Presque Jeanne d’Arc, étoilant
    Le front de la foule imbécile,
    Nom des cieux, cœur divin qu’exile
    Cette espèce de moins que rien
    France bourgeoise au dos facile,
    Louise Michel est très bien.

    Elle aime le Pauvre âpre et franc
    Ou timide, elle est la faucille
    Dans le blé mûr pour le...

  • Lire n’est rien : faut avoir lu ; faut ; l'a fallu !
    Pour que si vous lisez dans les livres, qu'honore
    La Reliure gaie ou sombre, que décore
    Encore un blason fier ou tendre au choix élu,

    Pourriez, hélas ! contaminer d’un doigt poilu
    D’amateur brut le vélin noble que, sonore
    Abstraitement, la gloire emplit, glaive ou mandore,
    D’un grand héros ou d’un...

  • Le vieux livre qu’on a lu, relu tant de fois !
    Brisé, navré, navrant, fait hideux par l'usage,
    Soudain le voici frais, pimpant, jeune visage
    Et fin toucher, délice et des yeux et des doigts.

    Ce livre cru bien mort, chose d'ombre et d'effrois,
    Sa résurrection « ne surprend pas le sage ».
    Qui sait, ô Relieur, artiste ensemble et mage,
    Combien tu fais...

  • I

    La Femme, en qui l’on doit mettre tout son amour,
    Tout son espoir et toute — au fond — sa confiance,
    Néanmoins contriste le cœur, ombre et nuance,
    Du bon bibliophile, encor que bien né pour

    La paix et le repos promis au jour le jour
    À qui du Livre fait un peu sa vie, et lance
    Dans ce gouffre ingénu de calme et de silence
    Son ancienne fièvre...

  • I

    Monsieur le curé dit sa messe congrument...
    Quand il stoppe soudain : c’est un bibliotaphe !
    « Je serais éloquent si j’étais polygraphe. »
    Tant il y a d’erreurs dans son agissement :

    Heurts sans but du ciboire, échange des burettes
    À tort et à travers, et tant d’et cæteras !
    C’est, vous dis-je, un bibliotaphe dont les bras
    Sont tombés à l’...

  • Meuble sublime ou ridicule, ou tous les deux,
    Qui, mon goût consulté, serait plutôt modeste
    Et de proportions, et de luxe, et du reste,
    Salut, Bibliothèque, antre auguste et hideux !

    Mais les livres, ici, n’en point parler vaut mieux ;
    Le logis, le local, indigent ou céleste,
    Seul, nous veut occuper d’un oeil profond ou leste,
    Et déjà l’examen me...