• De Thomas Moore.

    Du frais matin la brillante lumière,
    L'ardent midi, l'adieu touchant du jour,
    La nuit qui vient plus douce à ma paupière
    Pâle et sans bruit rêver avec l'amour,
    Le temps jaloux qui trompe et qui dévore,
    L'oiseau captif qui languit près de moi,
    Tout ce qui passe, et qu'à peine je voi,
    Me trouve seul... seul ! Mais vivant encore
    ...

  • Beau fantôme de l'innocence,
    Vêtu de fleurs,
    Toi qui gardes sous ta puissance
    Une âme en pleurs !

    Ô toi qui devanças nos hontes
    Et nos revers,
    Es-tu si grand que tu surmontes
    Tout l'univers !

    Le reste, comme la poussière,
    S'est envolé,
    Devant le feu de ma paupière
    Tout s'est voilé,

    Tout s'est enfui, flamme et fumée,...

  • Apologue

    Las des fleurs, épuisé de ses longues amours,
    Un papillon dans sa vieillesse
    (Il avait du printemps goûté les plus beaux jours)
    Voyait d'un oeil chagrin la tendre hardiesse
    Des amants nouveau-nés, dont le rapide essor
    Effleurait les boutons qu'humectait la rosée.
    Soulevant un matin le débile ressort
    De son aile à demi-brisée :
    ...

  • Nocturne


    Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne !
    Je ne sais quel orage a passé sur ces bords.
    Des chants de l'espérance il éteint les accords,
    Et dans la nuit qui m'environne,
    Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne.

    Jette-moi tes présents, lune mystérieuse,
    De mon front qui pâlit ranime les couleurs ;
    J'ai perdu ma...

  • Comme le rossignol qui meurt de mélodie
    Souffle sur son enfant sa tendre maladie,
    Morte d'aimer, ma mère, à son regard d'adieu,
    Me raconta son âme et me souffla son Dieu.
    Triste de me quitter, cette mère charmante,
    Me léguant à regret la flamme qui tourmente,
    Jeune, à son jeune enfant tendit longtemps sa main,
    Comme pour le sauver par le même chemin.
    Et...

  • L'haleine d'une fleur sauvage,
    En passant tout près de mon coeur,
    Vient de m'emporter au rivage,
    Où naguère aussi j'étais fleur :
    Comme au fond d'un prisme où tout change,
    Où tout se relève à mes yeux,
    Je vois un enfant aux yeux d'ange :
    C'était mon petit amoureux !

    Parfum de sa neuvième année,
    Je respire encor ton pouvoir ;
    Fleur à mon...

  • Et toi ! dors-tu quand la nuit est si belle,
    Quand l'eau me cherche et me fuit comme toi ;
    Quand je te donne un coeur longtemps rebelle ?
    Dors-tu, ma vie ! ou rêves-tu de moi ?

    Démêles-tu, dans ton âme confuse,
    Les doux secrets qui brûlent entre nous ?
    Ces longs secrets dont l'amour nous accuse,
    Viens-tu les rompre en songe à mes genoux ?

    As-...

  • Sans l'oublier, on peut fuir ce qu'on aime.
    On peut bannir son nom de ses discours,
    Et, de l'absence implorant le secours,
    Se dérober à ce maître suprême,
    Sans l'oublier !

    Sans l'oublier, j'ai vu l'eau, dans sa course,
    Porter au loin la vie à d'autres fleurs ;
    Fuyant alors le gazon sans couleurs,
    J'imitai l'eau fuyant loin de la source,
    Sans l...

  • Un moment suffira pour payer une année ;
    Le regret plus longtemps ne peut nourrir mon sort.
    Quoi ! L'amour n'a-t-il pas une heure fortunée
    Pour celle dont, peut-être, il avance la mort ?

    Une heure, une heure, amour ! Une heure sans alarmes,
    Avec lui, loin du monde ! Après ce long tourment,
    Laisse encor se mêler nos regards et nos larmes ;
    Et si c'est...

  • Ouvre ton aile au vent, mon beau ramier sauvage,
    Laisse à mes doigts brisés ton anneau d'esclavage !
    Tu n'as que trop pleuré ton élément, l'amour ;
    Sois heureux comme lui : sauve-toi sans retour !

    Que tu montes la nue, ou que tu rases l'onde,
    Souviens-toi de l'esclave en traversant le monde :
    L'esclave t'affranchit pour te rendre à l'amour ;
    Quitte-moi...