• Je vois un groupe sur la mer.
    Quelle mer ? Celle de mes larmes.
    Mes yeux mouillés du vent amer
    Dans cette nuit d’ombre et d’alarmes
    Sont deux étoiles sur la mer.

    C’est une toute jeune femme
    Et son enfant déjà tout grand.
    Dans une barque où nul ne rame,
    Sans mât ni voile, en plein courant…
    Un jeune garçon, une femme !

    En plein...

  •  
    Belle « à damner les saints », à troubler sous l’aumusse
    Un vieux juge ! Elle marche impérialement.
    Elle parle — et ses dents font un miroitement —
    Italien, avec un léger accent russe.

    Ses yeux froids où l’émail sertit le bleu de Prusse
    Ont l’éclat insolent et dur du diamant.
    Pour la splendeur du sein, pour le rayonnement
    De la peau, nulle...

  • SCÈNE I

    Mezzetin, chantant.

    Puisque tout n’est rien que fables,
    ...

  • Le dernier coup de vêpres a sonné : l’on tinte.
    Entrons donc dans l’Église et couvrons-nous d’eau sainte.

    Il y a peu de monde encore. Qu’il fait frais !
    C’est bon par ces temps lourds, ça semble fait exprès.

    On allume les six grands cierges, l’on apporte
    Le ciboire pour le salut. Voici la porte

    De la sacristie entr’ouverte, et l’on voit bien
    S’...

  • Les variations normales
    De l’esprit autant que du cœur
    En somme témoignent peu mal
    En dépit de tel qui s’épeure,

    Parlent, par contre, contre tel
    Qui s’effraierait au nom du monde
    Et déposent pour tel ou telle
    Qui virent et dansent en rond...

    Que vient faire l’hypocrisie
    Avec tout son dépit amer
    Pour nuire au cœur vraiment choisi,...

  • Voix de Gabriel
    Chez l'humble Marie,
    Cloches de Noël,
    Dans la nuit fleurie,
    Siècles, célébrez
    Mes sens délivrés !
     
    Martyrs, troupe blanche,
    Et les confesseurs,
    Fruits d’or de la branche,
    Vous, frères et sœurs,
    Vierges dans la gloire,
    Chantez ma victoire !
     
    Les Saints ignorés,
    Vertus qu’on méprise,...

  • Vous m’avez demandé quelques vers sur « Amour ».
    Ce mien livre, d’émoi cruel et de détresse,
    Déjà loin dans mon Œuvre étrange qui se presse
    Et dévale, flot plus amer de jour en jour.
     
    Qu’en dire, sinon : « Poor Yorick ! » ou mieux « poor
    Lelian ! » et pauvre âme à tout faire, faiblesse,
    Mollesse par des fois et caresse et paresse,
    Ou tout à coup...

  • Le son du cor s'afflige vers les bois
    D'une douleur on veut croire orpheline
    Qui vient mourir au bas de la colline
    Parmi la bise errant en courts abois.

    L'âme du loup pleure dans cette voix
    Qui monte avec le soleil qui décline
    D'une agonie on veut croire câline
    Et qui ravit et qui navre à la fois.

    Pour faire mieux cette plaine assoupie
    ...

  • Un grand sommeil noir
    Tombe sur ma vie :
    Dormez, tout espoir,
    Dormez, toute envie !

    Je ne vois plus rien,
    Je perds la mémoire
    Du mal et du bien...
    O la triste histoire !

    Je suis un berceau
    Qu'une main balance
    Au creux d'un caveau :
    Silence, silence !

  • La Chambre, as-tu gardé leurs spectres ridicules,
    O pleine de jour sale et de bruits d'araignées ?
    La Chambre, as-tu gardé leurs formes désignées
    Par ces crasses au mur et par quelles virgules ?

    Ah fi! Pourtant, chambre en garni qui te recules
    En ce sec jeu d'optique aux mines renfrognées
    Du souvenir de trop de choses destinées,
    Comme ils ont donc...