•          Les Cieux inexorables
             Me sont si rigoureux,
             Que les plus miserables
    Se comparans à moy se trouueroient heureux.

               Ie ne fais à toute heure
             Que souhaitter la mort,
             Dont la longue demeure
    Prolonge dessus moy l’insolence du Sort.

               Mon lict est de mes larmes
             Trempé...

  • De postposer ta gloire aux lois de son service,
    De n'avoir dans le coeur rien que son nom escrit,
    Et pour charmer un mal qui tous les jours s'aigrit,
    Luy faire incessamment de mon coeur sacrifice ;

    Seigneur, c'est un peché bien digne du supplice
    Que jamais ny l'espoir ny le temps n'amoindrit ;
    Mais procedant d'un coeur que l'Amour attendrit,
    Ma...

  • ... Helas, il me souvient que quand son pasle corps
    Fut mis à reposer en la couche des morts
    J'entray dedans la chambre où le plomb qui l'enserre
    Gisoit sans nulle pompe estendu contre terre,
    Pendant que l'artizan à cet oeuvre empesché,
    De maint ais resonnant l'un à l'autre attaché,
    Formoit la triste chambre où la fatale marque
    Des fourriers de la mort...

  • Ne vous offensez point, belle ame de mon ame,
    De voir qu'en vous aymant j'ose plus qu'il ne faut :
    C'est bien trop haut voller, mais estant tout de flame
    Ce n'est rien de nouveau si je m'éleve en haut.

    Comme l'on voit qu'au ciel le feu tend et s'élance,
    Au ciel de vos beautez je tens pareillement :
    Mais luy c'est par nature, et moy par cognoissance ;...

  • ... Ah ! fille sans amour, ou du moins sans constance,
    Pourquoy paissant mon coeur d'une vaine espérance,
    Me juras-tu jamais que mon feu te plaisoit,
    Et qu'un mesme desir ta poitrine embrasoit ?
    Pourquoy soufflant l'ardeur de ma flamme insensée
    M'asseuras-tu jamais que j'estois ta pensée :
    Et que ta seule amour bruslant trop vivement
    Ne nous permettoit point...

  • Je n'ay veu qu'à regret la clarté du Soleil,
    Et rien tant soit-il beau n'a mon ame ravie,
    Depuis qu'en soupirant j'éloignay ce bel oeil,
    De qui la seule veuë est tout l'heur de ma vie.

    Les jours les plus luisants me sont obscures nuits,
    Que je passe en tristesse et complaintes funebres,
    Ne pouvant le ciel mesme, au fort de tant d'ennuis,
    Illuminer le...

  • Comme alors que le jour c'est caché sous la terre,
    Le soucy plus ouvert se referme et reserre,
    Dedaigneux de laisser regarder à son oeil
    D'autres flammes au Ciel que celles du Soleil :
    Ainsi quand les malheurs qui traversent ma vie
    M'ont de vostre bel oeil la presence ravie,
    Le mien se fermeroit, dolent de ne voir rien
    Qui ne semble exprimer la perte de son...