•    ANTOINE WATTEAU

       Crépuscule grimant les arbres et les faces,
       Avec son manteau bleu, sous son masque incertain;
       Poussière de baisers autour des bouches lasses...
       Le vague devient tendre, et le tout près, lointain.

      La mascarade, autre lointain mélancolique,
       Fait le geste d'aimer plus faux, triste et charmant....

  • CHOPIN

    Chopin, mer de soupirs, de larmes, de sanglots
    Q'un vol de papillons sans se poser traverse
    Jouant sur la tristesse ou dansant sur les flots.
    Reve, aime, souffre, crie, apaise, charme ou berce,
    Toujours tu fais courir entre chaque douleur
    L'oubli vertigineux et doux de ton caprice
    Comme les papillons volent de fleur en...

  •   SCHUMANN

       Du vieux jardin dont l'amitié t'a bien reçu,
       Entends garçons et nids qui sifflent dans les haies,
       Amoureux las de tant d'étapes et de plaies,
       Schumann, soldat songeur que la guerre a déçu.

       La brise heureuse imprègne, où passent des colombes,
       De l'odeur du jasmin l'ombre du grand noyer,
       L'...

  • Ton ciel toujours un peu
    bleu
    Le matin souvent un peu
    pleut

    Dordrecht endroit si beau
    Tombeau
    De mes illusions chéries

    Quand j'essaye à dessiner
    Tes canaux, tes toits, ton clocher
    Je me sens comme aimer
    Des patries

    Mais le soleil et les cloches
    Ont bien vite resséché
    Pour la grand-messe et les brioches...

  • Cuyp, soleil déclinant dissous, dans l'air limpide
    Qu'un vol de ramiers gris trouble comme de l'eau,
    Moiteur d'or, nimbe au front d'un boeuf ou d'un bouleau,
    Encens bleu des beaux jours fumant sur le coteau,
    Ou marais de clarté stagnant dans le ciel vide.
    Des cavaliers sont prêts, plume rose au chapeau,
    Paume au côté ; l'air vif qui fait rose leur peau,...

  • Douce fierté des coeurs, grâce noble des choses,
    Qui brillent dans les yeux, les velours et les bois ;
    Beau langage élevé du maintien et des poses
    Héréditaire orgueil des femmes et des rois !

    Tu triomphes, Van Dyck, prince des gestes calmes,
    Dans tous les êtres beaux qui vont bientôt mourir,
    Dans toute belle main qui sait encor s'ouvrir...
    Sans s'en...

  • Crépuscule grimant les arbres et les faces,
    Avec son manteau bleu, sous son masque incertain ;
    Poussière de baisers autour des bouches lasses...
    Le vague devient tendre, et le tout près, lointain.

    La mascarade, autre lointain mélancolique,
    Fait le geste d'aimer plus faux, triste et charmant.
    Caprice de poète - ou prudence d'amant,
    L'amour ayant...

  • Mon coeur sage, fuyez l'odeur des térébinthes,
    Voici que le matin frise comme un jet d'eau.
    L'air est un écran d'or où des ailes sont peintes ;
    Pourquoi partiriez-vous pour Nice ou pour Yeddo ?

    Quel besoin avez-vous de la luisante Asie
    Des monts de verre bleu qu'Hokusaï dessinait
    Quand vous sentez si fort la belle frénésie
    D'une averse dorant les...

  • A Jean Cocteau.

    Afin de me couvrir de fourrure et de moire
    Sans de ses larges yeux renverser l'encre noire
    Tel un sylphe au plafond, tel sur la neige un ski
    Jean sauta sur la table auprès de Nijinsky.
    C'était dans un salon purpurin de Larue
    Dont l'or, d'un goût douteux, jamais ne se voila.
    La barbe d'un docteur blanditieuse et drue
    Déclarait...

  • Le temps efface tout comme effacent les vagues
    Les travaux des enfants sur le sable aplani
    Nous oublierons ces mots si précis et si vagues
    Derrière qui chacun nous sentions l'infini.

    Le temps efface tout il n'éteint pas les yeux
    Qu'ils soient d'opale ou d'étoile ou d'eau claire
    Beaux comme dans le ciel ou chez un lapidaire
    Ils brûleront pour nous d...