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    I

    Dans les villes, tombeaux dont le peuple croit vivre,
    Où s'agitent des morts par des morts coudoyés,
    Où l'âme aspire un air qui la tue ou l'enivre,
    Ceux qui sont nés à Dieu sont bientôt oubliés.

    Là, des spectres faisant de l'ombre et du tumulte,
    Vous cachent à mes yeux, vous-même, ô mon ami !
    Et j'omets tout un jour de vous rendre mon culte...

  • Alpes ! forêts, glaciers ruisselants de lumière,
    Sources des grandes eaux où j’ai bu si souvent,
    Sommets ! libres autels où, dans ma foi première,
    J’ai respiré, senti, touché le Dieu vivant ;

    Où la terre a pour moi dénoué sa ceinture,
    Où, dans ses bois obscurs, j’ai rencontré le jour ;
    Où mon cœur s’enivrait, aux bras de la nature,
    D’un mélange sacré...