Les chambres, qu’on croirait d’inanimés décors,
— Apparat de silence aux étoffes inertes —
Ont cependant une âme, une vie aussi certes,
Une voix close aux influences du dehors
Qui répand leur pensée en halos de sourdines…

Les unes, faste, joie, un air de nonchaloir...

Les chambres, dans le soir, meurent réellement :
Les persiennes sont des paupières se fermant
Sur les yeux des carreaux pâles où tout se brouille ;
Chaque fauteuil est un prêtre qui s'agenouille

Pour l'entrée en surplis d'une extrême-onction ;
La pendule dévide...

L'obscurité, dans les chambres, le soir, est une
Irréconciliable apporteuse de craintes ;
En deuil, s'habillant d'ombre et de linges de lune,
Elle inquiète ; elle a de félines étreintes

Comme une eau des canaux traîtres où l'on se noie
L'obscurité, c'est la tueuse...