Chenavard, que le spleen étripe,
De dégoût laisse choir sa lippe
Sur son nombril ;
Pour peu que plus bas elle arrive,
Il mêlera foutre et salive
Dans son pénil.

Ravivant les langueurs nacrées
De tes yeux battus et vainqueurs,
En mèches de parfum lustrées
Se courbent deux accroche-cœurs.

À voir s’arrondir sur tes joues
Leurs orbes tournés par tes doigts,
On dirait les petites roues
Du char de Mab fait d’une...

Allons, ange déchu, ferme ton aile rose ;
Ôte ta robe blanche et tes beaux rayons d’or ;
Il faut, du haut des cieux où tendait ton essor,
Filer comme une étoile, et tomber dans la prose.

Il faut que sur le sol ton pied d’oiseau se pose.
Marche au lieu de voler :...

Dans le fronton d’un temple antique,
Deux blocs de marbre ont, trois mille ans,
Sur le fond bleu du ciel attique,
Juxtaposé leurs rêves blancs ;

Dans la même nacre figées,
Larmes des flots pleurant Vénus,
Deux perles au gouffre plongées
Se sont dit des...

Ô toi qui passes par ce cloître,
Songe à la mort ! — Tu n’es pas sûr
De voir s’allonger et décroître,
Une autre fois, ton ombre au mur.

Frère, peut-être cette dalle
Qu’aujourd’hui, sans songer aux morts,
Tu soufflettes de ta sandale,
Demain pèsera sur...

Monté sur son fidèle barbe,
Vêtu d'un albornoz d’azur,
Emblème d’amour et de foi,
Le vaillant Grenadin Gazul
Passait par la Vivarambla.
Il était si beau que chacun
Se retournait en le voyant.
À son balcon, Fatmé la brune
Prenait le frais avec ses...

Poète, dans les cœurs mettre un écho sonore,
Remuer une foule avec ses passions,
Écrire sur l’airain ses moindres actions,
Faire luire son nom sur tous ceux qu’on adore ;

Courir en quatre pas du couchant à l’aurore,
Avoir un peuple fait de trente nations,
...

J’aime ton nom d’Apollonie,
Écho grec du sacré vallon,
Qui, dans sa robuste harmonie,
Te baptise sœur d’Apollon.

Sur la lyre au plectre d’ivoire,
Ce nom splendide et souverain,
Beau comme l’amour et la gloire,
Prend des résonnances d’airain.

...

Quel silence à présent sur ce morne terrain
Où la mêlée hier hurlait dans la fumée !
II ne reste plus rien de cette grande armée,
Que des affûts brisés et des fragments d’airain.

La bataille perdue importe au souverain,
Mais toujours l’amoureux chante à la bien-...

 

Adieu, puisqu’il le faut ; adieu, belle nuit blanche,
Nuit d’argent, plus sereine et plus douce qu’un jour !
Ton page noir est là, qui, le poing sur la hanche,
Tient ton cheval en bride et t’attend dans la cour.

Aurora, dans le ciel que brunissaient tes voiles,...