La plaine, au fond des soirs, s’est allumée,
Et les tocsins cassent leurs bonds de sons,
Aux quatre murs de l’horizon.

— Une meule qui brûle ! —

Par les sillages des chemins, la foule,
Par les sillages des villages, la foule houle
Et dans...

Le vieux meunier du moulin noir,
On l’enterra, l’hiver, un soir
De froid rugueux, de bise aiguë
En un terrain de cendre et de ciguës.

Le jour dardait sa clarté fausse
Sur la bêche du fossoyeur ;
Un chien errait près de la fosse,
L’...


...

La neige tombe, indiscontinûment,
Comme une lente et longue et pauvre laine,
Parmi la morne et longue et pauvre plaine.
Froide d’amour, chaude de haine.

La neige tombe, infiniment,
Comme un moment —
Monotone — dans un moment ;
La...

Les grand’routes tracent des croix
À l’infini, à travers bois ;
Les grand’routes tracent des croix lointaines
À l’infini, à travers plaines ;
Les grand’routes tracent des croix
Dans l’air livide et froid,
Où voyagent les vents déchevelés...

Le passeur d’eau, les mains aux rames,
À contre flot, depuis longtemps,
Luttait, un roseau vert entre les dents.

Mais celle hélas ! qui le hélait
Au delà des vagues, là-bas,
Toujours plus loin, par au delà des vagues,
Parmi les brumes...

Le site est floconneux de brume
Qui s’épaissit en bourrelets,
Autour des seuils et des volets,
Et, sur les berges, fume.

Le fleuve traîne, pestilentiel,
Les charognes que le courant rapporte ;
Et la lune semble une morte
Qu’on enfouit...

 
Par les plaines de ma crainte, tournée au Nord,
Voici le vieux berger des Novembres qui corne,
Debout, comme un malheur, au seuil du bercail morne,
Qui corne au loin l’appel des troupeaux de la mort.

L’étable est cimentée avec mon vieux remords...

Longue comme des fils sans fin, la longue pluie
Interminablement, à travers le jour gris,
Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris,
Infiniment, la pluie,
La longue pluie,
La pluie.

Elle s’effile ainsi, depuis hier soir,
Des...

Lunes du gel dans les grottes de l’or nocturne,
Glaives d’acier, lames d’argent, pointes de fer,
Minuit silencieux, qui t’ériges dans l’air
Comme une volonté dardante et taciturne,

Voici mon cœur pour les couteaux de tes silences,
Et mes ardeurs pour tes linceuils...