LES VIEILLARDS

Ce sont eux ! j’ai posé l’oreille contre terre
Les bruits sourds qu’on entend sont des pas de chevaux ;
Que le jeune soldat se rappelle son père,
Et que l’ancien s’apprête à des combats nouveaux !

Que nul de vous ne songe aux sanglots de l’...

 
I

Six percherons égaux, blancs et nourris d’avoine,
Traînaient un chêne entier dont les cimes pendaient,
Et les larges pavés du faubourg Saint-Antoine
A chaque tour de roue en remuant grondaient.

Les feuilles bruissaient et balayaient la rue
Dans un...

 
Vous n’avez pas sondé tout l’Océan de l’âme,
O vous qui prétendez en dénombrer les flots !
Qui de vous de tout cœur a pu sentir la flamme
Et de toute poitrine écouter les sanglots ?
Qui de vous a tâté tous les coins de l’abîme
Pour dire : « C’en est fait, l’...

 
Ne sauras-tu Jamais, misérable poète,
Vaincre la lâcheté du rêve et des amours,
Au vent du sort contraire accoutumer ta tête,
Comme tous les vivants lutter dans la tempête,
Ou te croiser les bras sans crier au secours ?

A droite, à gauche, vois ! sur la mer...

 
Voix antiques des flots, de la terre et des airs,
Ecroulements lointains qui suivent les éclairs,
Frisson du lourd blé jaune aux taches de pivoines,
Chuchotement léger des fuyantes avoines,
Clairon des ouragans, fracas des grandes eaux,
Respiration vague et...

 
Ils tombent épuisés ; la bataille était rude.
Près d’un fleuve, au hasard, sur le dos, sur le flanc,
Ils gisent, engourdis par tant de lassitude
Qu’ils sont bien, dans la boue et dans leur propre sang

Leurs grandes faux sont là, luisantes d’un feu rouge,
En...

 
Quand le jeune cheval vient de quitter sa mère,
Parce qu’il a senti l’horizon l’appeler,
Qu’il entend sous ses pieds le beau son de la terre,
Et qu’on voit au soleil ses crins étinceler,
Dans le vent qui lui parle il agite la tête,
Et son hennissement trahit...

 
I

La nuit dans le désert vient à pas lents s’asseoir
Avec sa robe d’ombre et son bandeau d’étoiles ;
Elle rafraîchit l’air en balançant ses voiles,
L’herbe fume et l’Asie est comme un encensoir.

C’est l’heure du lion. Sur les brûlantes pierres,
Et...

 
I

O Voluptés, salut ! une longue injustice
Vous accuse d’emplir les enfers de damnés,
Fait sonner votre nom comme le nom du vice
Et ne l’inscrit jamais que sur des fronts fanés ;
Et nous vous bénissons, reines des jeunes hommes ;
Si nous rêvons un...

 
Tu ne traîneras plus, rêveur mélancolique,
Deux talons paresseux sous un corps famélique :
Viens ! je t’offre une plume et le coin d’un bureau,
Rien ne te manquera…

                              — Qu’au front un numéro.
Non ! je n’écris jamais que mon cœur...