Je voudrais, les prunelles closes,
Oublier, renaître, et jouir
De la nouveauté, fleur des choses,
Que l’âge fait évanouir.
Je resalurais la lumière,
Mais je déplirais lentement
Mon âme vierge et ma paupière
Pour...
Je voudrais, les prunelles closes,
Oublier, renaître, et jouir
De la nouveauté, fleur des choses,
Que l’âge fait évanouir.
Je resalurais la lumière,
Mais je déplirais lentement
Mon âme vierge et ma paupière
Pour...
Je ne te raille point, jeune prostituée !
Tu vas l’œil provocant, le pied galant et prompt,
A travers le sarcasme et l’ignoble huée :
Ton immuable rire est plus fort que l’affront.
Et moi, je porte au bal le masque de mon front ;
J’y vais, l’âme d’amour à vingt ans dénuée,
Mendier des regards dans la blanche nuée
Des vierges dont jamais les...
Il est tard ; l’astronome aux veilles obstinées,
Sur sa tour, dans le ciel où meurt le dernier bruit,
Cherche des îles d’or, et, le front dans la nuit,
Regarde à l’infini blanchir des matinées ;
Les mondes fuient pareils à des graines vannées ;
L’épais fourmillement des nébuleuses luit ;
Mais, attentif à l’astre échevelé qu’il suit,
Il le...
L’air soupire encor, tout sonore
Du dernier canon qui s’est tu ;
Le sol est tout tremblant encore
Des escadrons qui l’ont battu ;
Il plane encore des fumées
Sur les monceaux de noirs débris ;
Du piétinement des armées
Les champs sont encore meurtris ;
Et déjà, comme les étoiles
Perçant l’infini ténébreux,
Les amours écartent...
J’aimais froidement ma patrie,
Au temps de la sécurité ;
De son grand renom mérité
J’étais fier sans idolâtrie.
Je m’écriais avec Schiller :
« Je suis un citoyen du monde ;
En tous lieux où la vie abonde,
Le sol m’est doux et l’homme cher !
« Des plages où le jour se lève
Aux pays du soleil couchant,
Mon ennemi, c’est le...
Ni l’amour ni les dieux ! Ce double mal nous tue.
Je ne poursuivrai plus la guêpe du baiser,
Et, las d’approfondir, je veux me reposer
De l’ingrate besogne où mon front s’évertue.
Ni l’amour ni les dieux ! Qu’enfin je m’habitue
A ne sentir jamais le désir m’embraser,
Ni l’éternel secret des choses m’écraser !
Qu’enfin je sois heureux ! Que je...
Vous désirez savoir de moi
D’où me vient pour vous ma tendresse ;
Je vous aime, voici pourquoi :
Vous ressemblez à ma jeunesse.
Vos yeux noirs sont mouillés souvent
Par l’espérance et la tristesse,
Et vous allez toujours...
Si tu m’appartenais (faisons ce rêve étrange !),
Je voudrais avant toi m’éveiller le matin
Pour m’accouder longtemps près de ton sommeil d’ange,
Egal et murmurant comme un ruisseau lointain.
J’irais à pas discrets cueillir de l’églantine,
Et, patient, rempli d’un silence joyeux,
J’entr’ouvrirais tes mains, qui gardent ta poitrine,
Pour y...
I
La Rose dit un jour en pleurant : « Je m’ennuie !
Mon beau temps est fini. L’homme a fait l’air impur,
L’haleine des cités me dérobe l’azur
Et le zéphyr m’apporte une âcre odeur de suie.
« Plus de claires villas dans l’air libre, en pleins champs
Partout des murs, partout de la pierre et de l’ombre,
Partout un pavé dur qu’à flots pressés...
Les bêtes, qui n’ont point de sublimes soucis,
Marchent, dès leur naissance, en fronçant les sourcils,
Et ce rigide pli, jusqu’à la dernière heure,
Signe mystérieux de sagesse y demeure.
Les énormes lions qui rôdent à grands pas,
Libres et tout-puissants, ne se dérident pas ;
Les aigles, fils de l’air et de l’azur, sont graves ;
Et les hommes,...