• Viens, ô divin Bacchus, ô jeune Thyonée,
    Ô Dionyse, Évan, Iacchus et Lénée ;
    Viens, tel que tu parus aux déserts de Naxos,
    Quand ta voix rassurait la fille de Minos.
    Le superbe éléphant, en proie à ta victoire,
    Avait de ses débris formé ton char d'ivoire.
    De pampres, de raisins mollement enchaîné,
    Le tigre aux lares flancs de taches sillonné,
    Et le...

  • Quelquefois un souffle rapide
    Obscurcit un moment sous sa vapeur humide
    L'or, qui reprend soudain sa brillante couleur :
    Ainsi du Sirius, ô jeune bien-aimée,
    Un moment l'haleine enflammée
    De ta beauté vermeille a fatigué la fleur.

    De quel tendre et léger nuage
    Un peu de pâleur douce, épars sur ton visage,
    Enveloppa tes traits calmes et languissants...

  • De Pange, le mortel dont l'âme est innocente,
    Dont la vie est paisible et de crimes exempte,
    N'a pas besoin du fer qui veille autour des rois,
    Des flèches dont le Scythe a rempli son carquois,
    Ni du plomb que l'airain vomit avec la flamme.
    Incapable de nuire, il ne voit dans son âme
    Nulle raison de crainte, et, loin de s'alarmer,
    Confiant, il se livre...

  • Les esclaves d'Amour ont tant versé de pleurs !
    S'il a quelques plaisirs, il a tant de douleurs !
    Qu'il garde ses plaisirs. Dans un vallon tranquille
    Les Muses contre lui nous offrent un asile ;
    Les Muses, seul objet de mes jeunes désirs,
    Mes uniques amours, mes uniques plaisirs.
    L'Amour n'ose troubler la paix de ce rivage.
    Leurs modestes regards ont,...

  • Ah ! portons dans les bois ma triste inquiétude.
    Ô Camille ! l'amour aime la solitude.
    Ce qui n'est point Camille est un ennui pour moi.
    Là, seul, celui qui t'aime est encore avec toi.
    Que dis-je ? Ah ! seul et loin d'une ingrate chérie,
    Mon coeur sait se tromper. L'espoir, la rêverie,
    La belle illusion la rendent à mes feux,
    Mais sensible, mais tendre...

  • Toujours ce souvenir m'attendrit et me touche,
    Quand lui-même, appliquant la flûte sur ma bouche,
    Riant et m'asseyant sur lui, près de son coeur,
    M'appelait son rival et déjà son vainqueur.
    Il façonnait ma lèvre inhabile et peu sûre
    A souffler une haleine harmonieuse et pure ;
    Et ses savantes mains prenaient mes jeunes doigts,
    Les levaient, les...

  • Mais telle qu'à sa mort pour la dernière fois,
    Un beau cygne soupire, et de sa douce voix,
    De sa voix qui bientôt lui doit être ravie,
    Chante, avant de partir, ses adieux à la vie,
    Ainsi, les yeux remplis de langueur et de mort,
    Pâle, elle ouvrit sa bouche en un dernier effort :

    " Ô vous, du Sébéthus Naïades vagabondes,
    Coupez sur mon tombeau vos...

  • Là reposait l'Amour, et sur sa joue en fleur
    D'une pomme brillante éclatait la couleur.
    Je vis, dès que j'entrai sous cet épais bocage,
    Son arc et son carquois suspendus an feuillage.
    Sur des monceaux de rose au calice embaumé
    Il dormait. Un souris sur sa bouche formé
    L'entr'ouvrait mollement, et de jeunes abeilles
    Venaient cueillir le miel de ses...

  • " Mon visage est flétri des regards du soleil.
    Mon pied blanc sous la ronce est devenu vermeil.
    J'ai suivi tout le jour le fond de la vallée ;
    Des bêlements lointains partout m'ont appelée.
    J'ai couru ; tu fuyais sans doute loin de moi :
    C'était d'autres pasteurs. Où te chercher, ô toi
    Le plus beau des humains ? Dis-moi, fais-moi connaître
    Où sont donc...

  • Voilà ce que chantait aux Naïades prochaines
    Ma Muse jeune et fraîche, amante des fontaines,
    Assise au fond d'un antre aux nymphes consacré,
    D'acanthe et d'aubépine et de lierre entouré.
    L'Amour, qui l'écoutait caché dans le feuillage,
    Sortit, la salua Sirène du bocage.
    Ses blonds cheveux flottants par lui furent pressés
    D'hyacinthe et de myrte en...