O philosophe, ô solitaire
Sur la montagne retiré,
Qui répands de là sur la terre
La chaleur d’un cœur inspiré !

Quand je m’assois dans ces retraites
Pleines de générations,
Où tu ranges sur deux tablettes
La sagesse des nations,

Dans ces...

 
Tes vers jaillissent, les miens coulent :
Dieu leur fit un lit différant ;
Les miens dorment et les tiens roulent
Je suis le lac, toi le torrent !

 
Ah ! béni soit celui dont l’amitié discrète
Me prodigue ses vœux sans oser se nommer ;
Et que ces vœux touchants qu’il adresse au poète
Retombent sur son front, comme des fleurs qu’on jette
Retombent pour nous embaumer.

 
Quand, assise le soir au bord de ta fenêtre,
Devant un coin du ciel qui brille entre les toits,
L’aiguille matinale a fatigué tes doigts,
Et que ton front comprime une âme qui veut naître.
Ta main laisse échapper le lin brodé de fleurs
Qui doit parer le...

 
Des cheveux ! mais ils sont blanchis sous les années !
Des cheveux ! mais ils vont tomber sous les hivers !
Que feraient tes beaux doigts de leurs boucles fanées ?
Pour tresser la couronne, il faut des rameaux verts.

Crois-tu donc, jeune fille aux jours d’ombre...

 
Souvent en respirant ces nocturnes haleines,
Qui des monts éloignés descendent sur les plaines
Ou des bords disparus sur les vagues des mers,
On croit dans ces odeurs, que l’esprit décompose,
Respirer le parfum des lis ou de la rose,
Apporté de loin par les...

 
Amitié, doux repos de l’âme,
Crépuscule charmant des cœurs.
Pourquoi, dans les yeux d’une femme,
As-tu de plus tendres langueurs ?

Ta nature est pourtant la même ;
Dans le cœur dont elle a fait don
Ce n’est plus la femme qu’on aime,
Et l’amour a...

 
Quand le printemps a mûri l’herbe
Qui porte la vie et le pain,
Le moissonneur liant la gerbe
L’emporte à l’aire du bon grain ;
Il ne regarde pas si l’herbe qu’il enlève
Verdit encore au pied de jeunesse et de sève,
Ou si, sous les épis courbés en...

 
Je suis seul dans la prairie
Assis au bord du ruisseau ;
Déjà la feuille flétrie,
Qu’un flot paresseux charrie,
Jaunit l'écume de l’eau.

La respiration douce
Des bois au milieu du jour
Donne une lente secousse
A la vague, au brin de mousse...

 
Ici donnent, jetés par le flot de la guerre,
D’intrépides soldats, nés sous un ciel plus beau :
Vivants, ils ont porté les fers de l’Angleterre ;
Morts, ce noble pays leur offrit dans sa terre
L’hospitalité du tombeau.

Là, toute inimitié s’efface sous la...