• Pourquoi sous tes cheveux me cacher ton visage ?
    Laisse mes doigts jaloux écarter ce nuage :
    Rougis-tu d'être belle, ô charme de mes yeux ?
    L'aurore, ainsi que toi, de ses roses s'ombrage.
    Pudeur ! honte céleste ! instinct mystérieux,
    Ce qui brille le plus se voile davantage ;
    Comme si la beauté, cette divine image,
    N'était faite que pour les cieux !
    ...

  • Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
    Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
    Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
    Jeter l'ancre un seul jour ?

    Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
    Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
    Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
    Où tu la vis s'asseoir !

    Tu...

  • C'est une nuit d'été ; nuit dont les vastes ailes
    Font jaillir dans l'azur des milliers d'étincelles ;
    Qui, ravivant le ciel comme un miroir terni,
    Permet à l'oeil charmé d'en sonder l'infini ;
    Nuit où le firmament, dépouillé de nuages,
    De ce livre de feu rouvre toutes les pages !
    Sur le dernier sommet des monts, d'où le regard
    Dans un trouble horizon se...

  • A Mme de P***.
    Il est pour la pensée une heure... une heure sainte,
    Alors que, s'enfuyant de la céleste enceinte,
    De l'absence du jour pour consoler les cieux,
    Le crépuscule aux monts prolonge ses adieux.
    On voit à l'horizon sa lueur incertaine,
    Comme les bords flottants d'une robe qui traîne,
    Balayer lentement le firmament obscur,
    Où les astres ternis...

  • (A un poète exilé)

    Généreux favoris des filles de mémoire,
    Deux sentiers différents devant vous vont s'ouvrir :
    L'un conduit au bonheur, l'autre mène à la gloire ;
    Mortels, il faut choisir.

    Ton sort, ô Manoel, suivit la loi commune ;
    La muse t'enivra de précoces faveurs ;
    Tes jours furent tissus de gloire et d'infortune,
    Et tu verses des...

  • Ainsi, quand l'aigle du tonnerre
    Enlevait Ganymède aux cieux,
    L'enfant, s'attachant à la terre,
    Luttait contre l'oiseau des dieux;
    Mais entre ses serres rapides
    L'aigle pressant ses flancs timides,
    L'arrachait aux champs paternels ;
    Et, sourd à la voix qui l'implore,
    Il le jetait, tremblant encore,
    Jusques aux pieds des immortels.

    Ainsi...

  • Sur les ruines de Rome.

    Un jour, seul dans le Colisée,
    Ruine de l?orgueil romain,
    Sur l?herbe de sang arrosée
    Je m?assis, Tacite à la main.

    Je lisais les crimes de Rome,
    Et l?empire à l?encan vendu,
    Et, pour élever un seul homme,
    L?univers si bas descendu.

    Je voyais la plèbe idolâtre,
    Saluant les triomphateurs,
    ...