• Je suis plus pauvre que jamais
    Et que personne ;
    Mais j'ai ton cou gras, tes bras frais,
    Ta façon bonne
    De faire l'amour, et le tour
    Leste et frivole
    Et la caresse, nuit et jour,
    De ta parole.

    Je suis riche de tes beaux yeux,
    De ta poitrine,
    Nid follement voluptueux,
    Couche ivoirine
    Où mon désir, las d'autre part,
    Se...

  • à Francis Poictevin.

    Il ne me faut plus qu'un air de flûte,
    Très lointain en des couchants éteints.
    Je suis si fatigué de la lutte
    Qu'il ne me faut plus qu'un air de flûte
    Très éteint en des couchants lointains.

    Ah, plus le clairon fou de l'aurore !
    Le courage est las d'aller plus loin.
    Il veut et ne peut marcher encore
    Au son du...

  • Il pleure dans mon coeur
    Comme il pleut sur la ville ;
    Quelle est cette langueur
    Qui pénètre mon coeur ?

    Ô bruit doux de la pluie
    Par terre et sur les toits !
    Pour un coeur qui s'ennuie,
    Ô le chant de la pluie !

    Il pleure sans raison
    Dans ce coeur qui s'écoeure.
    Quoi ! nulle trahison ?...
    Ce deuil est sans raison.

    C...

  • Moi qui ne suis qu'un brin d'hysope dans la main
    Du Seigneur tout-puissant qui m'octroya la grâce,
    Je puis, si mon dessein est pur devant Sa face,
    Purifier autrui passant sur mon chemin.

    Je puis, si ma prière est de celles qu'allège
    L'Humilité du poids d'un désir languissant,
    Comme un païen peut baptiser en cas pressant,
    Laver mon prochain, le...

  • Et nous voilà très doux à la bêtise humaine,
    Lui pardonnant vraiment et même un peu touchés
    De sa candeur extrême et des torts très légers,
    Dans le fond, qu'elle assume et du train qu'elle mène.

    Pauvres gens que les gens ! Mourir pour Célimène,
    Epouser Angélique ou venir de nuit chez
    Agnès et la briser, et tous les sots péchés,
    Tel est l'Amour encor...

  • Courtisane au sein dur, à l'oeil opaque et brun
    S'ouvrant avec lenteur comme celui d'un boeuf,
    Ton grand torse reluit ainsi qu'un marbre neuf.

    Fleur grasse et riche, autour de toi ne flotte aucun
    Arôme, et la beauté sereine de ton corps
    Déroule, mate, ses impeccables accords.

    Tu ne sens même pas la chair, ce goût qu'au moins
    Exhalent celles-là qui...

  • Quand déjà pétillait et flambait le bûcher,
    Jeanne qu'assourdissait le chant brutal des prêtres,
    Sous tous ces yeux dardés de toutes les fenêtres
    Sentit frémir sa chair et son âme broncher.

    Et semblable aux agneaux que revend au boucher
    Le pâtour qui s'en va sifflant des airs champêtres,
    Elle considéra les choses et les êtres
    Et trouva son seigneur bien...

  • Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
    D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
    Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
    Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

    Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
    Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
    Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
    Elle...

  • Laisse dire la calomnie
    Qui ment, dément, nie et renie
    Et la médisance bien pire
    Qui ne donne que pour reprendre
    Et n'emprunte que pour revendre...
    Ah ! laisse faire, laisse dire !

    Faire et dire lâches et sottes,
    Faux gens de bien, feintes mascottes,
    Langues d'aspic et de vipère ;
    Ils font des gestes hypocrites,
    Ils clament, forts de...

  • Des yeux tout autour de la tête
    Ainsi qu'il est dit dans Murger.
    Point très bonne. Un esprit d'enfer
    Avec des rires d'alouette.

    Sculpteur, musicien, poète
    Sont ses hôtes. Dieux, quel hiver
    Nous passâmes ! Ce fut amer
    Et doux. Un sabbat ! Une fête !

    Ses cheveux, noir tas sauvage où
    Scintille un barbare bijou,
    La font reine et la font...