• A la poursuite d’une rime
    Féminine, qui peut manquer,
    N’allez pas aux lieux où l’on trime
    De Plous en Plous, de Ker en Ker !

    Car vous tomberiez de Charybdes
    En Scyllas, et de Kerlutu
    En Kerlor ; et la rime en ybdes
    Vous répondrait : Turlututu !

    Sans ouïr ces oiselles rares
    Se becqueter au bout du vers,
    Vous arpenteriez bien des ares...

  •  
    Pour le vingt-cinquième anniversaire de sa prise de voile.

    Loin des enchantements du monde, loin du bruit,
    Vingt-cinq ans vous avez, comme la violette
    Exhalant son parfum dans la paix de la nuit,
    Embaumé de vertus votre calme retraite.
    Vingt-cinq ans vous avez, sourde aux cris triomphants
    Des heureux défilant sous votre humble fenêtre...

  • Le réveil vient troubler la paix de tes paupières.
    La luciole au loin a fleuri de lumières
    Les prés, et l’asphodèle a des souffles d’amour.
    La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne,
    Car la lune a verdi le bleu de la montagne,
    Car la...

  •  
    Comme l’aigle, planant sur les plus fiers sommets,
    Fixe l’astre brûlant, et ne répond jamais
    Aux cris du paon rempli de stupide insolence,
    Le poète inspiré, dominant tous les fronts,
    Dans son vol glorieux, dédaigne les affronts
    Que lui jette parfois une sotte opulence.

    Il dédaigne le faste outrageant du vantard,
    Qui, rendu tout-puissant par l...

  •  
    Ainsi que le glaneur, courbé sur le guéret,
    Ramasse le blé d’or égrené dans la plaine,
    Vous recueillez, joyeux et tout fier de l’aubaine,
    Les épis que souvent l’historien, distrait,
    Laisse derrière lui choir de sa gerbe pleine.

    Vous avez la pitié des choses que l’oubli
    Recouvre de son flot ou voile de sa brume ;
    Et des faits délaissés qu’anima...

  •  
    Amant des grandes eaux, des vastes horizons,
    Dans l’âme te sentant la flamme des Jasons,
    Tu brûles de voguer vers la zone lointaine
    Qui vit sombrer, hélas ! tant de puissants agrès,
    Et, pour collaborer à l’œuvre du progrès,
    Tu vas risquer tes jours, ô vaillant capitaine !

    Oui, chez toi c’est le sang des découvreurs qui bat ;
    Le danger te...

  •  
    Depuis longtemps, épris des choses du passé,
    Dans votre noble cœur vous aviez caressé
    L’espoir de contempler les forêts et les grèves
    Où, poursuivant toujours son rôle glorieux,
    Durant un siècle entier, la France des aïeux,
    Pour fonder un empire, a combattu sans trêves.

    Vous rêviez d’aborder aux rivages ombreux
    Arrosés tant de fois par le sang...

  •  
    Nous aimons exalter, nous exaltons souvent
    Les preux qui, tout sanglants, pleins d’ardeur obstinée,
    Auprès d’un fier drapeau gonflant ses plis au vent,
    Succombent au milieu d’une charge effrénée ;
    Mais toujours nous passons indifférents devant
    Ceux qui luttent sans bruit contre la destinée.

    Nous avons des sanglots, nous avons des lauriers
    ...

  •  
    L’Histoire n’a jamais, les yeux rougis de pleurs,
    Narré plus durs revers et plus longues douleurs,
    Enfantés par la guerre et par la perfidie,
    Que ceux qui tant de fois courbèrent les héros
    Dont tu nous as si bien rappelé les sanglots,
    Ô noble descendant de la noble Acadie !

    L’Histoire n’a jamais sur des feuillets d’airain
    Gravé de son austère...

  • A ma sœur Laurence.

    Je t’aime parce que tu m’aimes, sœur gentille,
    Parce que dans ce monde où je me sens errer,
    Je n’ai que toi pour bien et pour toute famille,
    Et parce que je n’ai que ton sein où pleurer.

    Je t’aime parce que notre si bonne mère,
    De sa tonbe où sur nous son regard veille...