Sur la Ville, dont les désirs flamboient,
Règnent, sans qu'on les voie,
Mais évidentes, les idées.

On les rêve parmi les brumes, accoudées
En des lointains, là-haut, près des soleils.

Aubes rouges, midis fumeux, couchants vermeils,
Dans le tumulte...

Je dédie à tes pleurs, à ton sourire,
Mes plus douces pensées,
Celles que je te dis, celles aussi
Qui demeurent imprécisées
Et trop profondes pour les dire.

Je dédie à tes pleurs, à ton sourire,
A toute ton âme, mon âme,
Avec ses pleurs et ses sourires...

Prenant pour guide clair l'astre qu'était son âme,
A travers des pays d'ouragans et de flammes,
Il s'en était allé si loin vers l'inconnu
Que son siècle vieux et chenu,
Toussant la peur, au vent trop fort de sa pensée,
L'avait férocement enseveli sous la risée.
...

Les servantes faisaient le pain pour les dimanches,
Avec le meilleur lait, avec le meilleur grain,
Le front courbé, le coude en pointe hors des manches,
La sueur les mouillant et coulant au pétrin.

Leurs mains, leurs doigts, leur corps entier fumait de hâte,
Leur...

Pauvres vieilles cités par les plaines perdues,
Dites de quel grand plan de gloire,
Vers la vie humble et dérisoire,
Toutes, vous voilà descendues.

Vous ne comprenez plus vos hauts beffrois en deuil,
Ni ce que disent aux nuées
Tant de pierres destituées...

S'il était vrai
Qu'une fleur des jardins ou qu'un arbre des prés
Pût conserver quelque mémoire
Des amants d'autrefois qui les ont admirés
Dans leur fraîcheur ou dans leur gloire
Notre amour s'en viendrait
En cette heure du long regret
Confier à la rose...

Je noie en tes deux yeux mon âme tout entière
Et l'élan fou de cette âme éperdue,
Pour que, plongée en leur douceur et leur prière,
Plus claire et mieux trempée, elle me soit rendue.

S'unir pour épurer son être
Comme deux vitraux d'or en une même abside
...

Près du fleuve roulant vers l'horizon ses ors
Et ses pourpres et ses vagues entre-frappées,
S'ouvre et rayonne, ainsi qu'un grand faisceau d'épées,
L'abside ardente avec ses sveltes contreforts.

La nef allume auprès ses merveilleux décors :
Ses murailles de fer...

Lorsque s'épand sur notre seuil la neige fine
Au grain diamanté,
J'entends tes pas venir rôder et s'arrêter
Dans la chambre voisine.

Tu retires le clair et fragile miroir
Du bord de la fenêtre,
Et ton trousseau de clefs balle au long du tiroir
De l'...

Viens jusqu'à notre seuil répandre
Ta blanche cendre
Ô neige pacifique et lentement tombée :
Le tilleul du jardin tient ses branches courbées
Et plus ne fuse au ciel la légère calandre.

Ô neige,
Qui réchauffes et qui protèges
Le blé qui lève à peine...